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Histoire du genre et vie privée des courges au jardin

Citrouille dans le Nord, courge ou cougourde dans le midi, potiron ailleurs, il est bien difficile de s’y retrouver dans toutes ces courges sans faire appel à la botanique et son latin (qui peut sembler pédant), mais c’est tellement plus facile quand on comprend de quoi on parle !!! Donc…

Un peu de botanique

Le genre des Cucurbitacées se divise en deux :

  1. les Cucumis : concombre, melon, métulon…
  2. les Cucurbita, qui compte 5 espèces.

 

Parmi celles-ci, nous en cultivons surtout trois

  • moschata,
  • maxima,
  • pepo

 

que l’on reconnaît facilement à la forme de leur pédoncule.

Cucurbita moschata

Pédoncule très anguleux, qui semble « posé-écrasé » sur le fruit : l’empattement est beaucoup plus large avec un petit bourrelet. Le fruit est souvent couvert de « pruine ».

photo de pédoncule pentagonal de la musquée de Provence

La chair semble un peu « fibreuse ». C’est celle qui demande le plus de chaleur pour mûrir. Nous cultivons le plus souvent et selon les années, la demande des moscata de différentes origines.

Origine méditerranéenne

comme la musquée de Nice, souvent courbée, dont l’orangé de la chair tend vers le rouge

photo de la courge de Nice, marron clair, longue et courbe

ou bien la musquée de Provence, dite « courge muscade »

Origine américaine

comme la courge butternut, dont la couleur de chair tend vers le «bouton d’or»

photo de butternut au champ, allongée, renflée à un bout, peau beige intense

ou bien courge honeynut, avec sa peau cuivrée et sa chair d’un orange plus soutenu.

photo de courge honeynut et sa peau cuivrée

Origine française

comme la typique sucrine du Berry.

Cucurbita maxima

Pédoncule cylindrique et surtout liégeux, il s’insère parfois au fruit dans une cavité. Ici sont les potirons !

photo du pédoncule liégeux d'aspect désséche du potimaron orange vif

C’est dans cette espèce que l’on trouve les monstrueuses «bêtes à concours» pour foire aux courges. Çà n’est pas culinairement la plus intéressante. On connaît bien

deux anciennes variétés françaises

le potiron rouge vif d’Étampes, le galeux d’Eysines.

planche couleur de dessins de courges maxima du guide Vilmorin 1925
Planche illustrée de l’édition 1925 de Vilmorin

les anglo-saxonnes

comme la Hubbard, à peau verte, ou bleue, ou orange.

photo de courge tytpe de Hubbard à peau belu clair

Les potirons turban aussi font partie de cette espèce.

Mais le plus intéressant ici nous semble

le potimaron.

photo d'un pallox de potimaron d'un orange bien vif

Cucurbita pepo

Pédoncule à 5 cotés, très dur à maturité, pas plus gros à l’attache du fruit. Ici sont les citrouilles !

photo de pédoncule encore vert de courge spaghetti au champ

Le fruit peut se consommer jeune (toujours chez la courgette, souvent chez le patisson) ou à maturité complète : citrouille de touraine, acorn, spaghetti.

Courge spaghetti

photo de courge spaghetti bien jaune et mûre pour la conservation

Chesnut

(crème de noisette) ou patidou.

photo au champ de courge patidou aux teintes verte foncé et crème

=> Les décoratives ne sont pas comestibles : l’histoire rapporte que l’empereur romain Claude fut empoisonné par du suc de coloquinte.

Pour être complet…

il nous reste donc à citer :

Cucurbita ficifolia

utilisée comme porte greffe, la courge de Siam qui donne un fruit à peau verte très épaisse, une vraie coque, dont la chair est blanche. On en fait la confiture dite de cheveux d’ange.

Cucurbita argyrosperma

d’origine mexicaine, qui fleurit en jours courts, donc trop tard pour mûrir régulièrement ses fruits en France.

Histoire et vie privée des courges

Des américaines

Les courges sont originaires de l’Amérique centrale. Les archéologues ont retrouvé des traces de sa présence au Mexique plusieurs millénaires avant notre ère. Il semble qu’au départ ce sont les graines (oléagineuses) que les hommes utilisaient. Puis peu à peu la domestication a augmenté la taille des fruits, et parallèlement l’usage de la chair. Elles se sont diffusées en Europe après que les Indiens eurent découvert Christophe Colomb [1]ce qui ne leur a pas été du tout bénéfique… qui a dû être séduit par ses capacités de conservation.

Monoïques

Les courges sont c’est à dire que chaque pied porte les deux sexes, mâle et femelle, et la formation d’un fruit est conditionnée par la fécondation des fleurs. Sur la photo ci dessous, on voit à gauche une fleur femelle (au bout du fruit en formation) et à droite une fleur mâle (au bout d’un pédoncule).

photo des deux sexes de fleur de courge

La fécondation se fait par le vent, mais surtout par les insectes butineurs qui, en visitant les fleurs ouvertes sur différents pieds de courges, emmènent avec eux les pollens des fleurs mâles et le déposent sur le pistil des fleurs femelles. Les maraîchers bio sont donc à ce titre aussi très inquiets des difficultés actuelles des abeilles (plus d’infos sur le site de l’UNAF et sur celui de Génération Écologie)

Pour améliorer la fécondation des courges, nous semons souvent à proximité immédiate de nos courges des fleurs particulièrement attirantes pour les abeilles, comme par exemple la phacélie.

photo des fleurs violettes de phacélie en bordure d'un carré de courge

le plus souvent en mélange avec du sarrasin, très visité lui aussi, pour étaler et diversifier la floraison.

C’est ce type de fécondation nécessaire qui rend parfaitement aléatoire la mise en culture de graines prélevées sur des courges de consommation – pratique actuellement très «tendance» chez les consommateurs. Puisque aucune précaution pour empêcher le croisement entre variétés de la même espèce n’avait été apportée pendant la culture du fruit dans lequel la graine a été prélevée, le grand brassage génétique issu de l’action du vent ou des insectes se met en route. Avec toute la variabilité associée à l’éventuelle présence d’un pollen fécondateur dans les quelques kilomètres à la ronde… Et c’est donc le hasard seul qui déterminera les caractéristiques, les qualités (et défauts) de la «variété» ainsi obtenue…

Coureuses

Les courges sont des plantes dites « coureuses », non pas qu’elles fassent un footing rtégulier au jardin, non pas du tout, simplement leurs tiges en se développant s’éloignent beaucoup et se croisent très facilement avec celles de la planches d’à coté. Cela crée rapidement un fouillis empêchant toute lutte – mécanique – contre les adventices

Dans notre jardin

Semis et plantation

  • La levée est très sensible à l’excès d’humidité….
  • les graines en cours de germination sont facilement décortiquées par souris et mulots qui en mangent «l’amande»…
  • les plantules sont facilement victimes des limaces…

 

… mieux vaut donc se méfier ! Et prévenir que «guérir». Chez nous cela consiste à ne faire jamais de semis direct en plein champ, avec des conditions météo pas toujours favorables et dans tous les cas… jamais maitrisables.

Donc nous produisons les plants de toutes nos courges dans la serre bioclimatique. Ce qui permet de contrôler la température, l’humidité, l’aération, etc… de mettre pièges et appâts adaptés en conditions là aussi mieux maitrisées.

Les plants sont semés manuellement en plaques de mottes

photo du semis manuel des plaques de mottes de courge par Émilie

ou en godets.

photo des jeunes plants de courge en godets de terreau

Après élevage dans notre serre bioclimatique,

photo des courges semées en plaque cultivées sur tablette dans notre serre bioclimatique

les plants sont repiqués. Selon les caractéristiques de la parcelle où leur culture est engagée, les Biaux Jardiniers peuvent cultiver des courges sur toile noire tissée – réutilisable largement plus de 10 ans – pour lutter contre les herbes adventices et préserver l’eau du sol. La plantation y est manuelle.

photo des 4 Biaux Jardiniers distribuant et repiquant les courges sur toile tissée

Les Biaux Jardiniers cultivent aussi des courges sur planche permanente filmée par un paillage biodégradable mis en place sans malmener les dos paysans grâce à la confortable dérouleuse achetée il y a une quinzaine d’années décrite en détails (et en photos !) dans cet article.

photo d'une motte de courge plantée avec la planteuse sur film noir biodégradable

La plantation est alors mécanique, avec une planteuse achetée récemment d’occasion, avec la participation d’un collègue voisin pour un usage partagé.

photo de plantation mécanique permettant une position de travail plus confortable

=> Tout plein d’infos sur cette planteuse Ferrari par ICI.

Manuelle ou mécanique, la plantation est immédiatement suivie d’arrosage jusqu’à reprise et démarrage des plants.

photo de l'arrosage en cours d'un carré de courge sur planche filmée

Culture : « sans eau » ?

« Sans eau »…

… jusqu’au milieu des années 2010.

Sur toile tissée, les arroseurs sont mis en place pour être utilisés une ou deux fois seulement : le temps d’assurer la reprise de la plantation. C’est tout. Une fois le reprise assurée et la culture démarrée », tubes et arroseurs sont démontés.

photo de courges au démarrage accompagnées de phacélie mauve, tournesol et souci jaune, bleuet en bande fleurie

Et «çà se débrouille tout seul»

photo sous le soleil des jeunes courges longées de molène et mauve en floraison

photo des tiges de courge couvrant un peu le carré avec arrosage enlevé

Le matériel d’arrosage est utilisé ailleurs, sur des légumes qui en ont besoin : économie ! (de ressource en eau, de besoin en matériel)

« Sans eau »… sauf…

sauf évolutions climatiques et conditions météo exigeant adaptation, sauf année(s) de sècheresse très précoce, et très prolongée !

Chez nous, le « coup de grâce » a été l’année 2022, quand nous avons vu nos plantes souffrir au point, fin aout, que le feuillage pendait lamentablement : le pronostic vital était engagé !

photo des feuilles de courge en train de faner par manque d'eau

Nous avons dû ré-installer le système d’arrosage… (quelle galère !) et  nous en servir d’urgence. La situation a été rétablie avec finalement assez peu de consommation d’eau d’arrosage. Mais la leçon a été entendue, et maintenant nous laissons rampes et asperseurs bas débit en place.

Bandes fleuries

Nos traditionnelles bandes fleuries de diverses compositions accompagnent bien sûr les courges tout au long de leur croissance.

photo de bande fleurie blanche de marguerite

photo de courge de en cours de développement près d'une bande fleurie garnie ausi de mauve

Fumure et entretien

Du fumier

Nous apportons du fumier sur toutes les planches permanentes des carrés en courges.

photo du carré de courges, le fumier en cours d'incorporation

Le fumier est incorporé superficiellement par un passage de vibroplanche auto-construit.

photo proche de fumier grossièrement incorporé en surface avec le vibroplanche

Entretien sur toile

Quand la culture est menée sur toile tissée, les Biaux Jardiniers armés de couteaux passent arracher manuellement les quelques adventices qui arrivent à se développer dans les trous de plantation dans l’objectif de n’avoir aucune herbe en graine au moment de la récolte : il serait dommage que cette culture sur toile, qui peut ressembler donc à une occultation dans ses effets, ne laisse pas derrière elle un terrain très propre pour l’année suivante !

photo d'un carré de courge sans adventice le long des achilées blanches et marguerites de la bande fleurie

Même sans arrosage quand c’est possible, la végétation du carré de courge se développe assez harmonieusement sur toile ; et en attirant une grande variété d’insectes, les bandes fleuries participent à une bonne pollinisation.

photo du carré de courge développé au point que la toile de paillage ne se voit plus

Nos haies bocagères et prairies permanentes aussi.

photo d'un carré de courge en fleur le long de notre bois de feuillus

photo du carré de courge en débutt de fructification près d'une haie bocagère

photo des carrés de courge les fruits au stade mûrissement près d'une haie bocagère

Culture sur biodégradable

En culture sur planches filmées, des adventices se développent dans les allées permanentes.

photo de sortie d'adventices dans les allées

Le Biau Jardinier les bine donc, le plus souvent avec la BPO (Barre Porte Outils) montée avec 2 éléments bineurs.

photo des courges en début de végétaion

L’objectif est de biner chaque semaine

photo des courges qui commencent à couvrir les planches

mais en année humide en juin, les adventices sont avantagées…

photo d'adventices dans une allée permanente entre planches filmées

photo de matthieu au tracteur binant les allées de courge devant une haie bocagère

Quand les tiges se développent dans les allées

photo des tiges de courge traversant les allées

on les « range » en les regroupant sur les planches pour un ultime binage ; c’est long, et sollicitant pour le corps paysan.

Puis arrive le moment où la culture occupe toute la surface, et empêche de biner : c’est là qu’on constate si on a bien ou mal travaillé, une année plus ou moins facile…

Ce mode de culture économise la toile noire tisée, surtout sa pose… et sa dépose. Mais peut favoriser la multiplication des adventices dont la graine a le temps de murir si la plante n’a pas pu être détruite mécaniquement. La réussite de la lutte contre les herbes adventices (associé à la dépendance à la météo) reste le talon d’Achille de la Bio.

Maladies, parasites

Maladies

La courge est souvent attaquée par l’oïdium. Maintenir les attaques à un niveau qui ne remet pas en cause la récolte reste accessible avec les divers produits utilisables en AB, peut-être d’autant plus facilement que la culture en est menée de manière très «calme» et extensive.

La courge est une plante qui craint particulièrement l’humidité de l’air, donc les brumes précoces de fin d’été et d’automne, dont notre voisine la Seille (qui nous fournit un peu de son eau pour l’arrosage) est particulièrement généreuse. Comme quoi, toute médaille a son revers… Encore heureux, dit le philosophe, sans quoi l’homme (la femme) n’aurait plus de choix à décider librement !!!

Ravageurs

Autre type de problème sur les courges, les rongeurs peuvent faire de gros dégâts, et les années de pullulation, les rapaces du coin, comme les chats habitant notre Biau Jardin, peuvent être un peu débordés…

photo d'un potimaron éventré par un rongeur, graines et chair éparpillées au sol

Ce peut être pas mal de perte sèche.

Incidents physiologiques

Une des difficultés que nous rencontrons de plus en plus est conséquence de la météo qui accompagne la fin de la culture. Quand des orages ou des pluies amènent de grosses précipitations alors que les courges sont en fin de mûrissement, cela en fait éclater un plus ou moins grand nombre. Toutes les variétés peuvent être victimes.

photo de courge éclatée

photo de courge honeynut éclatée

Récolte(s)

Quand ?

La récolte a lieu plus ou moins tôt en automne, et impérativement avant les premières gelées. Cela a été longtemps l’occasion d’une journée pédagogique, active, festive et gourmande avec les abonnés à nos paniers.

phooto du tracrteur portant une palette de caisses de courge dans la cour de la ferme

Selon la variété et l’objectif de conservation, les courges sont rangées en cagettes…

photo du carré de courges sans feuilles les fruits coupés et cagettes réparties au sol

… ou en palox

photo d'une douzaine de palox de butternut abrités au bâtiment en attente d'être montés dans le local adapté

en «faisant la chaine» puisque l’union fait la force !

photo de la ligne des amapiens qui se fait passer les courges une à une

Mais il nous semble observer une évolution constante : le mûrissement des différentes variétés nous parait de plus en plus échelonné. C’est ainsi que la récolte a de plus en plus tendance à être faite en plusieurs épisodes, eux aussi échelonnés, sur plusieurs semaines.

photo de potimaron mûr en fin de végétation au soleil du jardin

Comment ?

Le pédoncule des courges choisies pour être récoltées sont préalablement coupés lors d’une journée favorable, et les courges regroupées en petits tas

photo d'une vingtaine de courges butternut coupées avant mise en palox

en ligne sur une planche.

photo de potimarons récoltés et regroupés sur une planche pour faciliter le ramassage

photo d'un carré de courges, les butternut regroupées sur une planche

Pour les mettre en palox de stockage, les Biaux Jardiniers se transforment alors en rugby-wo-man…

photo d'un potimaron vert dans les airs entre deux Biaux jardiniers

mais que l’arbitre ne sanctionne pas chaque fois qu’il font un «en avant» !

photo de palox orange vif de potimaron en bout du cérré de courge avec soleil et bocage

photo de récolte de potimaron sous un beau soleil

Par contre, chutes et autres placages sont rigoureusement interdits… pour préserver la récolte !

photo de potimaron en l'air passé d'un biau jardinier à l'autre

photo de palox de potimaron dans la cour en attente de rangement dans le local à l'étage

Le week-end festif courges/repas/soirée avec les abonnés de paniers a donc parallèlement tendance à se transformer en week-end festif simplifié : repas/soirée. Bis : comme quoi, toute médaille a son revers… Encore heureux, re-dit le philosophe, sans quoi l’homme (la femme) n’aurait plus de choix à décider librement !!!  🙂

Conservation

La conservation hivernale des courges est assurée par un local

  • très bien isolé,
  • chauffable par le sol,
  • ventilable,
  • déshumidifiable

 

à base d’énergies renouvelables !

photo de 8 palox de potimaron dans le local de ventilation pour leur séchage

que nous avons auto-construit et équipé dans le but de leur apporter les conditions qu’il nous semble qu’elles demandent pour obtenir une bonne conservation. Avec le minimum de manutention manuelle pour préserver le dos du travailleur des champs, par ailleurs assez sollicité (!).

Le but étant de garder le maximum de diversité variétale le plus longtemps possible pour les paniers d’hiver et pendant la délicate période de « soudure ».

 

References
1 ce qui ne leur a pas été du tout bénéfique…

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