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Sans chimie ET sans adventice, prévention 1 : faux semis occulté

photo du carré de carotte avec occultation en cours d'arrosage

Le faux semis

Une technique « trad »

Technique traditionnelle, le faux semis est pratiqué par les maraîchers depuis des siècles. Cela consiste à préparer le sol suffisamment longtemps à l’avance pour faire lever les graines d’adventices présentes dans le sol. On a ainsi le temps de les détruire avant le semis de la culture.

Sa préparation

Il faut donc enclencher la germination en préparant la terre aussi finement que si on allait semer la culture elle-même. Un passage de rouleau favorise un bon contact terre / graine et le suivi régulier de l’humidité par l’arrosage permet d’obtenir une bonne levée .

photo de planches roulées et arrosées pour enclencher un faux semis

Sa destruction traditionnelle

Il s’agit ensuite de détruire la levée d’herbe par le passage d’un outil

  • assez agressif pour être efficace contre les plantules levées
  • mais assez délicat pour ne pas trop travailler le sol au point de remettre en route une nouvelle germination.

Anciennement, les maraîchers détruisaient cette levée d’herbe par «un p’tiot coup d’rateau».

Ses destructions contemporaines

Plusieurs moyens disponibles :

  • la herse étrille modernisation du « pt’iot coup d’râteau » permet ce travail doux sur une plus grande surface.
  • le brûlage qui fonctionne par cuisson des plantules (coagulation) et non par combustion
  • l’occultation qui agit par étiolement.

Ces deux derniers fonctionnent sans aucun travail de sol, donc sans risque de remise en germination de graines par un travail du sol.

L’occultation

Il s’agit de détruire les adventices que les façons culturales de faux semis ont mises en germination sans l’action d’un quelconque outil mécanique : par étiolement en les privant de lumière.

Conditions de chaleur

La technique demande assez de chaleur pour fonctionner. Son efficacité est donc beaucoup plus rapide plus on s’approche de la saison.

En année exceptionnellement fraîche en début de saison, pour être plus certain d’obtenir la levée des graines présentes dans le sol, il nous est arrivé de faire une « pseudo-solarisation » avec un film « étudié pour » obtenant ainsi une élévation des températures de sol et d’air. Mais cela été exceptionnel.

photo du carré de carotte arrosé et couvert par une bâche de solarisation

En augmentant ainsi la température du sol, notamment en début de saison, on avait plus de chances de réussir la levée des adventices, particulièrement celles qui se développent pendant l’été. Ainsi, on « prend de l’avance » sur l’adversaire !

Toiles noires

Une fois cet objectif atteint, on remplace les films de solarisation (qui peuvent alors servir sur une autre culture) par des toiles noires tissées et on fait une « occultation ». Les toiles tissées sont fixées au sol par des agrafes métalliques.

photo des toiles d'occultation en place en remplacement de solarisation

Ainsi privées de lumières, les jeunes plantules qui ont levé s’étiolent et disparaissent. Bien sûr, il ne faut pas oublier d’arroser autant que de besoin pour que les levées d’herbes continuent à se faire et que les plantules ainsi levées puissent s’étioler sous la bâche noire.

photo du carré de carotte avec occultation en cours d'arrosage

Semis et levée

Un peu plus tard, on peut débâcher et donc semer dans un terrain propre.

photo de semoir au travail sur une planche de carotte

Nous parachevons l’occultation en refixant les bâches par dessus le semis pour quelques jours. Si on ne laisse pas le sol se dessécher en surface, les conditions sont favorables à une levée rapide et très homogène. Il faut donc bien surveiller : dès que les premières graines de la culture semée commencent à lever, et si le soleil n’est pas trop agressif, nous enlevons les bâches d’occultation pour éviter que les plantes semées ne s’étiolent.

Rangements

Les bâches sont pliées,

photo des toiles pliées à ranger

les largeurs marquées à nouveau car les inscriptions s’effacent avec le temps. Elles sont rangées à l’abri notamment de l’agression par les ultra-violets en attente d’un prochain usage.

photo des toiles d'occulatation empilées sur palette pour mise à l'abri avec le mât lève-palette

On range aussi toutes les agrafes métalliques qui servaient à maintenir les toiles au sol en cas de vent. Ainsi que l’outil « auto-construit » 🙂 qui permet de les arracher facilement… parce que chaque fois que c’est possible, les Biaux Jardiniers préfèrent ne pas se baisser  et choisissent un outil pour moins forcer au travail…

photo d'un paquet d'agrafes à coté du tire-agrafe

Ensuite, très très rapidement, la levée se généralise,

photo de plantule de carotte en cours de levée sans adventice

et peu après, on voit bien les trois rangs de chaque planche (hé hé hé pas super droits !!! effectivement, mais bien parallèles, ça ira pas mal pour le binage mécanique).

photo de planches de carotte débâchées et levées

Un bon départ (levée régulière, pas d’adventices) des cultures en semis direct amène en général de la sérénité aux Biaux Jardiniers.

Morale de l’histoire

Notre pratique systématique de l’occultation nous permet d’obtenir régulièrement des cultures en semis direct indemnes d’invasion par les adventices. Bien sûr dans nos conditions propres, c’est à dire :

  • parcelles maraîchères en culture bio certifiée,
  • arrosage selon la demande physiologique des légumes,
  • semaines de travail d’une durée acceptable par le code du travail
  • récolte assurant un revenu décent aux travailleurs de la ferme.

 

Mais… « Ça fait don ben encore du plastique tout çà », entend on dire certains esprits chagrins…

Et ben voui, répond le Biaux Jardinier, tout à fait exact… Alors regardons cela de près :

  • les toiles d’occultation s’utilisent pendant de nombreuses années (environ 10 ans)
  • et sur plus d’une culture chaque année,
  • ce qui fait au bout du compte (mais encore faut il accepter de compter) très très peu de matière consommée à la tonne récoltée.

 

Mais surtout, il nous semble que l’aspect humain doit être considéré en priorité.

  • Si on souhaite aux travailleurs-paysans bio de la terre locale des conditions sociales meilleures que celles de leurs collègues Sri-lankais ou d’Alméria…
  • Si on pense qu’une brigade permanente de stagiaires non payés, voire qui paient pour passer quelques jours dans une « ferme » (sic) d’initiation à des méthodes miraculeuses de culture encore plus bio que bio, çà y ressemble un peu …
  • Si on constate que le consommateur parlant – dont le paysan ne connaît ni la profession ni conditions de travail et revenu –  n’est pas prêt à payer la carotte à un prix « trop » élevé (« trop » = par rapport à la voisine sur l’étal issue de culture agro-chimique)…
  • Si le responsable de cantine, est contraint 1/ par la loi d’introduire un peu d’alimentation biologique dans ses menus et 2/ par la collectivité qui le finance de travailler à budget « appro » constant, et 3/ par les bénéficiaires de l’assiette qui refusent 10 centimes d’augmentation du prix de repas…

 

et ben hein, ma foi, hein !?!?

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