Après deux ans de confinement Covid-19, Dinard (Ille-et-Vilaine) ré-attaque. La ville tirera, vendredi 22 juillet à 23h, son artillerie pyrotechnique depuis la plage de l’Écluse.
Robin des bois. Communiqué de presse
En explosant, les bombes des feux d’artifice libèrent du dioxyde de soufre, du méthane et des Éléments Traces Métalliques (ETM). Le strontium fait le rouge, le baryum le vert, le titane l’argenté, le sodium le jaune, le cuivre le bleu, le calcium l’orange. L’antimoine scintille, le zinc fume et l’aluminium étincelle. Les feux d’artifice libèrent aussi des dioxines et dispersent dans l’atmosphère des millions de particules fines. La revue Atmospheric Environment a publié en 2015 une étude sur les effets des feux d’artifice [1] Seidel, D., Birnbaum, A. (2015) Effects of Independence Day Fireworks on Atmospheric Concentrations of Fine Particulate Matter in the United States, Atmospheric Environment n°115. Elle a constaté une hausse de 42% des taux de particules fines dans l’air immédiatement après le lâcher de bombes. Dès 2012, Air Parif relevait que le feu d’artifice tiré depuis la Tour Eiffel générait un niveau de particules 20 fois supérieur à la norme.
Il est estimé qu’un spectacle pyrotechnique d’une trentaine de minutes produit 1,5 tonne de CO2, soit l’équivalent d’un parcours de 12.500 km pour une voiture classique à moteur thermique.
Les feux d’artifice sont aussi des générateurs de microplastiques. Publiée en avril 2022 dans la revue Marine Pollution Bulletin, une étude britannique [2]Devereux, R., Kebede Westhead, E., Jayaratne, R., Newport, D. (2022) Microplastic abundance in the Thames River during the New Year period, Marine Pollution Bulletin, Vol. n°177 révèle qu’après le feu d’artifice de Londres pour la nouvelle année, on retrouve dans la Tamise plus de 510 microplastiques par litre contre une quarantaine par litre en temps normal. La plupart des fragments sont d’une taille inférieure à 0,5 et peuvent mesurer jusqu’à 5 mm. Selon l’étude, les feux d’artifice peuvent avoir des impacts négatifs à court et long terme non seulement sur l’atmosphère mais aussi sur les environnements aquatiques.
Le feu d’artifice tiré depuis la plage de l’Écluse va contaminer les eaux côtières et, sous l’effet des courants, les baies de Saint-Malo et du Mont-Saint-Michel. Les poissons, les oiseaux de mer, les crustacés et les mollusques n’ont pas fini d’ingurgiter les restes toxiques de la fête nocturne du 22 juillet 2022.
Reconnaissons au moins que le feu en vaut la chandelle : 40.000 € pour polluer l’air et la mer en quelques minutes, c’est une aubaine.
Après la féerie de Dinard en pleine Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de l’estuaire de la Rance suivront au cœur d’une zone Natura 2000 les feux d’artifice de Saint-Lunaire le 23 juillet et de Saint-Briac-sur-mer le 6 août, à moins que les édiles décident de les annuler.
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↑1 | Seidel, D., Birnbaum, A. (2015) Effects of Independence Day Fireworks on Atmospheric Concentrations of Fine Particulate Matter in the United States, Atmospheric Environment n°115 |
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↑2 | Devereux, R., Kebede Westhead, E., Jayaratne, R., Newport, D. (2022) Microplastic abundance in the Thames River during the New Year period, Marine Pollution Bulletin, Vol. n°177 |