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Tech&Bio 2015 et maraîchage sur petite surface

Visite de Tech et Bio

Tech et Bio, c’est, depuis 2007, une grande foire pour les professionnels de la bio qui a lieu les années impaires dans la Drôme. Avec non seulement les stands des constructeurs de matériel, des fournisseurs de produits, et des structures techniques et syndicales, mais aussi, ou surtout selon certains, des démonstrations de matériel, des profils de sol commentés, des conférences généralistes, des communications sur l’état de la recherche et de l’expérimentation.

Le Biau Jardinier s’y rend chaque fois.

affiche de l'édition 2015 de Tech&Bio

C’est en plus l’occasion de «bavardages» avec collègues et techniciens pendant le co-voiturage. L’occasion aussi de croiser des collègues impliqués dans le réseau venus d’autres régions, et même cette année celle de croiser un collègue retraité depuis quelques paires d’années ( ah, maraîchage bio, quand tu nous tiens… n’est ce pas, Gilles ? ).

Le confort de travail était présent sur certains matériels, bineuse par ex

photo d'un confortable siège de bineuse avec accoudoir et direction hydraulique

comme les «astuces» aussi

photo d'un marqueur mobile pour les plants

et même la très classique fauTTe d’orthographe.

photo d'un panneau écrivant échalote avec 2 tés

Maraîchage sur petite surface

Cette année, il y a eu plusieurs présentations concernant le «maraîchage sur petite surface».

Un concept un peu vague et plutôt subjectif, mais qui attire de nombreux «porteurs de projet» qui souhaitent s’installer en « maraîchage sur petite surface », peut-être en partie parce que les bonnes terres agricoles disponibles sont difficiles à trouver obtenir ?

Un des «clous médiatiques» du Tech et Bio 2015 était la conférence de Jean-Martin Fortier, auteur du livre « Le jardinier maraîcher » qu’il a publié il y a bientôt 3 ans pour diffuser la méthode qu’il pratiquait sur son terrain depuis 5 ou 6 ans. Il en a expliqué les grandes lignes :

  • culture très intensive par une rotation très rapide des cultures, semées ou plantées à très forte densité,
  • choix prioritaire des cultures primeurs à forte valeur commerciale,
  • préférence pour les variétés hybrides,
  • pas de légumes de conservation hivernale,
  • beaucoup de verdure (mesclun) qui revient un an sur deux sur la même planche,
  • apports réguliers de très très très grosses quantités de fumure organique très évoluée, achetée prête à l’épandage,
  • engrais vert uniquement en culture dérobée de quelques semaines jamais plus,
  • travail du sol au motoculteur classique (roues sur la planche et non dans les allées) avec quasi exclusivement des outils rotatifs.

Une méthode inspirée des pratiques des maraîchers de ceinture verte français des années 30 ou 60, et modernisée bio par l’usage de la grelinette.

Quelques chiffres ont été donnés.

La main d’œuvre comporte le couple de jardiniers-maraîchers, 2 salariés, des stagiaires, des woofers. Pour un chiffre d’affaire total annuel d’environ 100 000 euros et un EBE (excédent brut d’exploitation) d’environ moitié.

Le conférencier a aussi mis en avant la faible consommation totale d’énergie fossile (6 000 euros environ). De la discussion qu’il a pu avoir avec un collègue à la sortie de cette conférence, le Biau Jardinier et son collègue ont pu «se rassurer» l’un l’autre sur l’impact de leurs pratiques de paysans maraîchers Bio : ils sont loin de consommer autant…

En réponse à des questions, le conférencier a précisé qu’il luttait contre les rongeurs avec du raticide ; qu’il utilisait prioritairement des semences hybrides car les variétés population n’étaient pas assez homogènes et les légumes de moins bel aspect.

Faisant référence à l’audit technico-économique que les structures professionnelles du Rhône mènent avec précision depuis plusieurs années chez ses maraîcher adhérents, un des auditeurs demandait quel était le revenu horaire obtenu sur cette structure. Réponse (de mémoire) de JM Fortier : « les hivers québécois ne sont pas assez longs pour que je passe du temps à faire des calculs compliqués pour trouver des éléments qui ne me rapporteront pas d’argent ».

Plusieurs ont trouvé cet argument «un peu léger»… mais seuls les auditeurs ayant eu une place dans l’amphi auront pu l’entendre, un grand nombre de personne n’ayant pas pu entrer, parmi lesquelles de nombreux «fans».

Agronomie

Un lieu par contre où l’on ne se faisait pas marcher sur les pieds, c’est près des fosses dans lesquelles, plusieurs fois par jour, des agronomes commentaient les profils culturaux et donnaient chacun leur interprétation. «Causeries» passionnantes, très formatrices, très concrètes, donc très enrichissantes mais semble-t-il globalement boudées. Quel dommage que beaucoup de professionnels (actuels ou en éventuel devenir) se précipitent chez les marchands de matériel ou les montreurs de vidéo alors que des cours d’agronomie appliquée in situ sont disponibles gratuitement !

Dans le genre, il y avait aussi une démonstration d’arrosage enterré. Sujet moins porteur que les buzz littéraire de micro-maraîchage… alors que l’économie de la ressource en eau semble un sujet « de fond » !

photo de coupe de sol montrant les gaines d'arrosage enterrées sous les plantes

Binage mécanisé

Guidage

Le Biau Jardinier a pu voir ce qui lui est apparu comme un paradoxe : une caméra de guidage sur porte-outil bineur. Le tracteur porte-outils est, par définition, un outil conçu de façon à offrir le maximum de visibilité sur le travail de précision, qui se fait devant le conducteur. Le moteur est donc reporté à l’arrière de la machine, le bâti sur les deux cotés, etc… Et bien le Biau Jardinier a eu le plaisir de rencontrer un porte-outil conçu de telle manière qu’une caméra est nécessaire pour que le conducteur puisse bien voir le travail qu’il fait. Le progrès…

photo de caméra de binage sur porte outil

Comme l’indiquait un panneau, c’est effectivement «innovant» : ceinture et bretelles !

Bineuse à pédales

Autre activité à gros succès public, la démonstration d’une bineuse à pédales.

photo de la bineuse à pédale en démonstration en haut d'une planche de salade

Vraisemblablement par recherche de légèreté, le matériel présenté semblait assez peu rigide, dans l’assistance, plusieurs craignant même une rapide déformation du chassis, pourtant déja bien lourd (80 kg) à propulser pour un genre de vélo. Le châssis avait été complété par un platelage bois (peut-être pour en augmenter la rigidité ?) ce qui gênait la vue sur le travail. Mais les jambes du pédaleur-bineur elles aussi gênent la vue, et difficile de les supprimer ! Tout cela imposait donc de se déhancher pour voir précisément ce qu’on fait et guider l’engin, ce qui ne paraissait pas confortable du tout. Ce genre de traction animale semble peu efficace, aussi si on en juge par l’effort demandé au conducteur qui après un premier essai «pénible» a décidé de ne travailler que dans le sens de la descente, après avoir réussi à remonter la machine au début du travail en la poussant «à vide» avec un aide.

Le Biau Jardinier a déduit de cette démonstration qu’il restait plus sage, du moins sur sa petite ferme à taille humaine, viable ET vivable, de garder un tracteur pour le binage, lequel consomme pour cette activité moins de 3 litres de GNR 0 à l’heure… (traduction : GNR = Gas Oil Non Routier; 0 = sans nécrocarburant dit aussi agrocarburant). Et en une heure, on en bine, on en bine et on en bine, des kilomètres de rangs de légumes sur planches permanentes ! Et les maraîchers professionnels ne manquent pas d’autres occasion d’exercice physique pour se maintenir en plein forme !

Une nouvelle entreprise présentait le prototype d’un nouveau châssis pour le travail manuel couché. Si la position de travail semblait ergonomique et mieux étudiée que sur les modèles déjà diffusés précédemment chez d’autres constructeurs, la volonté d’en faire simultanément un genre de porte-outils utilisable aussi pour le binage mécanique et le buttage (cette fois en position assise) rendait l’accès à la position couchée très complexe ainsi que l’outil surdimensionné donc trop lourd et trop onéreux.

Si il veut enfin connaître avant sa proche retraite le plaisir du travail manuel en position ergonomique horizontale, le Biau Jardinier n’a donc plus d’autre solution que de se lancer un de ces hivers dans un de ses bricolages merdouilloux !!! Faut-t-il se souhaiter un hiver aussi long qu’au Québec ?

Robot de binage

Tech et Bio a été aussi l’occasion de voir la nouvelle version d’un petit robot bineur déjà présenté lors de la précédente édition. Les outils de binage ne sont toujours pas très performants, mais la machine semblait (?) peut-être un peu plus stable. Par contre, elle n’entretient toujours que l’entre rangs, ce qui n’est pas du tout le «talon d’Achille» du problème…

Conclusion alternative

Bien des paysans présents s’étonnaient de ce qui semblait un manque de connaissance des besoins réels du travail du maraîcher,  un manque de compréhension de la réalité du terrain. Comme si le but de ces constructeurs était de créer, voire de vendre… le moyen avant de connaître et maîtriser la fin. Qui donc parlait de la place respective de la charrue et des boeufs ???

Le Biau Jardinier a rapproché ceci d’une «aventure» vécue il y a peu dans un rassemblement «alternatif» qui avait pour thème «changer le système, pas le climat». Pour démontrer la validité de l’énergie, renouvelable, musculaire humaine pour se déplacer, on en voyait la démonstration : une personne était assise sur un genre de «vélo brouette» sans pédalier (donc un genre de siège à roue) une autre poussant, une troisième tirant. ​Et il s’était dit : ne pas changer le climat, évidemment bien sûr, OK, d’ailleurs en Bio on y travaille depuis bien longtemps, mais changer le système pour en arriver à la chaise à porteurs même métallique et retourner aux rois fainéants, non, non et non. Et re-non !

Peut-être parce que, en tant que paysan, il devine, ou bien il sait d’expérience atavique, quelle place serait d’office attribuée au plouc dans cette société sans moteur ???

* * * * *

Pour aller plus loin

Articles « de terrain » très illustrés détaillant nos pratiques agricoles généralisables... Infos précises sur l’agriculture et son histoire, l’agronomie et les techniques, l’écologie, les énergies renouvelables, actus de la bio, ressources et références... Ainsi que fictions ou chansons autour de l’agriculture... C’est tout cela que nous partageons dans notre Base de Connaissances régulièrement complétée.

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