Sans remonter au moyen-âge et à « l’Abbé Péhault« , le légendaire père abbé qui révolutionna le maraîchage motorisé du milieu du millénaire précédent, il suffit, pour comprendre ce qu’est la BPO, de remonter au milieu du siècle précédent (ce sera moins loin…) pour visiter l’ancêtre, que nous appelions « la barre jaune » inventée et fabriquée à une époque où les acronymes existaient pourtant déjà [1]PMU, RAS, SOS, and so on….
L’ancêtre : la barre jaune
Très usitée dans l’est lyonnais, l’Isère, etc… car y étant fabriquée, la « barre jaune » était un support sur lequel on montait différents outils, coulissants, donc réglables et interchangeables. Un outil assez polyvalent donc adapté aux petites fermes diversifiées, et d’un prix modéré.
La structure est un U renforcé d’un raidisseur.
Le U est percé à intervalles réguliers : pour fixer par un système à chevilles les différents outils à l’écartement désiré. On utilisait deux possibilités :
- soit des cavaliers réalisés à partir de U percés pour fixation « large » (couvrant 3 trous d’attelage),
dont certains prévus d’origine pour des dents de type chisel (très utilisées en déchaumage de culture dans les années 60/70)
- soit des chassis pour travaux plus « légers » dont l’ossature se prolongeait assez pour faire fonction de U d’accrochage, dans 2 trous consécutifs.
Tous chassis destiné à recevoir divers outils de travail plus ou moins superficiel, y compris un chassis mono-dent bien pratique.
=>> Un « accessoire » très intéressant consistait en une prolonge à trous qui élargissait le chassis. Une partie mâle, percée de deux trous d’assemblage, s’insérait dans le bâti pour y être fixée par le système de goupille.
Un plat soudé renforçait l’assemblage en minimisant le jeu.
En installer un permettait d’y atteler un outil pour le travail en déport le long d’une plantation, d’une clôture, en bout des rangs le long d’un chemin, etc… Et la barre jaune une fois complétée des deux côtés permettait un travail superficiel sur une plus grande largeur. Polyvalence…!
Mais…
Mais à l’usage, une des difficultés que rencontrait l’utilisateur une fois le travail avec la barre jaune terminé était : « mais nom de bleu, comment je vais bien pouvoir ranger ce machin sans me le prendre sur les tibias et de manière à pouvoir le ré-atteler sans trop trop de problèmes la prochaine fois bon sang de bon soir »…. Cela poussait à valoriser l’inventivité de chacun, voire incitait à des créations personnelles quasi artistiques ; mais aucun modèle – qu’il évoque la légendaire tour de Pise ou une installation plus contemporaine alliant minerai fondu et minéral plus ou moins brut – ne fût déposée auprès des services de l’inspection du travail… Quel dommage : l’histoire officielle ne gardera pas trace des auto-créations artistiques paysannes de l’époque…
La modernité 🙁 : la BPO 🙂
Il y avait bien longtemps que la fabrication de la barre jaune était arrêtée, [2]faute de maraîchers pour l’acheter ! et les exemplaires encore disponibles étaient rares… c’est ainsi que l’association ADABio Auto-Construction s’en est inspirée pour se lancer dans la mise au point d’une barre porte-outil
adaptée aux demandes du moment dans un nouveau contexte : le re-développement du nombre de maraichers diversifiés par l’installation de personnes non issues du milieu agricole. L’optique était de construire un outil capable de faire face à la grande diversité des travaux à réaliser sur un jardin. Bref, un genre de « couteau suisse » ! Suisse peut-être… mais à tarif abordable. Il fallait donc
- gagner en polyvalence, par la conception d’une large gamme d’outils attelables au même bâti,
- gagner aussi en fiabilité de travail par l’ajout de roues de jauge,
- gagner en confort d’attelage et en sécurité de rangement.
Triangle et bâti double
Le principales améliorations apportées à la barre jaune par la BPO ont été
1/ le choix d’un bâti double.
Cette barre supplémentaire permet d’y installer, éventuellement en permanence, une paire de roues de jauge qui facilitent énormément de nombreux travaux…. et le rangement stable de l’outil. Le tout sans gêner l’usage de la barre des outils, tous ses trous de fixations restant libres.
2/ Le choix du triangle rapide.
Nos BPO, comme tous nos outils de tracteur, sont munies d’un triangle d’attelage rapide amélioré par la bascule, l’ex « appendice Pigneret », un système que les Biaux Jardiniers considèrent comme un incontournable du travail paysan en ergonomie et mixité.
Polyvalence
Nous utilisons beaucoup la BPO
pour biner
Selon les besoins du jardin et les dents disponibles sur la ferme, tous les genres de montageS sont possible. La réalisation du travail est bien évidemment facilitée quand on multiplie le nombre de bâtis de façon à bénéficier sans trop de peine ou délai des principaux montages adaptés aux différents travaux maraîchers les plus courants.
Ce qui permet de valoriser au mieux la souplesse de la fixation par cavaliers « standards », par exemple pour travailler
- avec des éléments sur lesquels sont montées des dents assez agressives pour l’entretien des allées permanentes dans nos carrés en engrais verts pluriannuels,
- ou avec des dents pour auto-biner les cultures à deux rangs
- ou avec des disques et/ou des buttoirs
pour auto-butter par exemple le poireau.
=> tout plein de détails en photo par exemple ICI !
Nous utilisons aussi beaucoup la BPO
pour récolter
- avec une lame souleveuse pour faciliter les récoltes de carotte, poireau, notamment,
et une fois dételée, on peut la ranger de manière sécurisée grâce à son pied « étudié pour ».
Nous utilisons beaucoup la BPO
pour arracher
- Avec les socs souleveurs adaptés, on peut facilement enlever les films de paillage. Et complètement.
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Limites
Concernant la polyvalence de l’outil, on se rend bien compte que plus on voudra pouvoir atteler d’outils différents sur un seul bâti, plus on passera de temps en changements, manipulations, modifications et réglages avant de travailler… C’est donc à réfléchir… après avoir enregistré les données ! Les Biaux Jardiniers ont choisi, quand il y a un peu d’aisance dans la trésorerie, de construire un bâti supplémentaire pour limiter les manipulations sources de sollicitations pour le dos paysan et d’augmentation de temps de travail. La démarche permet de bénéficier rapidement de toute la gamme, et de gagner peu à peu en confort et rapidité, au fil de quelques achats de nouveaux bâtis.
Les possibilités restent nombreuses, d’autant qu’avec le système des cavaliers, tout bricolage pour la stabilité de l’outil rangé est facile et indiscutable, de même que tout ajout pour faire des outils « combinés » !
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La BPO est proposée par l’Atelier Paysan
- en stage de 5 jours pour apprendre à souder en l’auto-construisant,
- en kit livré prêt à souder chez soi,
- en plans pour tout faire soi-même chez soi, ou maintenir vivant le lien avec le serrurier local !
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