Épluchage, nettoyage et lavage du poireau pour la vente sont la dernière étape de la production. Chez les petits maraîchers diversifiés, çà n’est ni la moins longue ni la plus rentable…
«Plumer»
Il y a une cinquantaine d’années, dans certaines communes riches en petits maraîchers diversifiés où l’épluchage se faisant entièrement à la main, et en groupe, tous assis en cercle dans la grange, on appelait çà «plumer» les poireaux. Et quand en hiver, les nouvelles s’échangeaient en se croisant dans la rue, à la question «Alors, çà va, t’as fait quoi aujourd’hui ?» la réponse était bien souvent «Bah… on a plumé !…»
La préparation à la main du poireau est une des galères hivernales du petit maraîcher diversifié : c’est pénible et répétitif, ça dure… et même si on travaille dans un local agréable et à bonne hauteur, et bien… c’est pénible, répétitif et ça dure !
Laveuse à poireau
Il existe bien des fabricants d’une jolie machine qui fait ce travail, plutôt vite et plutôt bien : la laveuse, outil qui comme son nom l’indique, lave le poireau, et qui, en plus et «en même temps», en coupe les extrémités et élimine les feuilles abîmées. Bien sûr pour une bonne efficacité des heures de travail et en améliorer le confort, il est facile d’investir dans l’ensemble des outils adaptés à un seul légume quand c’est la production principale. Mais, pour le maraîcher diversifié, celui qui produit une cinquantaine de légumes différents, pour passer à la réalisation « de rêve » pour chaque légume, le tarif devient très très vite «dissuasif».
Car la laveuse à poireau a, pour le petit maraîcher diversifié, les caractéristiques du «monstre» :
- une longueur très «respectable»
- un tarif neuf non moins respectable…
Ce qui signifie qu’il faut disposer
- de pas mal de place dans un bâtiment pour la loger
- de pas mal de place aussi dans une ligne de crédit bancaire pour la financer !
Le Biau Jardinier avait donc gardé plusieurs années présent à l’esprit ce besoin lors de sa quotidienne consultation – très matinale – des annonces de matériel d’occasion et autres possibilités du réseau de ses connaissances. Et un beau jour, par le coup de fil d’un ami qui court facilement les ventes aux enchères, le Biau Jardinier a eu 3 minutes pour décider à distance de l’achat à très bas prix d’un tel monstre… qui fut donc acquis, démonté, transporté, remonté, révisé, branché, réparé, installé, apprivoisé. Et mis en route.
Cette très longue machine est, dans la situation paysanne concrète des Biaux Jardiniers, la solution mécanique simple pour améliorer l’efficacité du travail et soulager les travailleurs. Bien sûr, le pessimiste dirait que,
- en utilisant de l’eau (potable, comme la réglementation l’exige)
- en consommant l’électricité (chez nous seulement en partie solaire auto-produite) nécessaire à des moteurs (bruyants) là ou la main saurait faire sans rien de plus que de la peine
- en faisant entrer sur la ferme encore une machine – qui vient prendre la terre et leurs compétences aux paysans (disent ceux qui n’en sont point)
- en mobilisant une grande surface abritée de bâtiment bioclimatique (donc coûteuse)
on a tendance à aggraver par une course à «l’industrialisation productiviste» la faible rentabilité de cette culture financièrement «limite» chez nous. Si ce point de vue du pessimiste reste valable dans la sphère des belles théories morales, le paysan Biauptimiste, lui, constate que cette longue machine, plutôt simple, divise le temps de travail total à consacrer au nettoyage du poireau par 4 ou 5 : ce serait bien dommage de faire sans elle !
Les Biaux Jardiniers, premiers travailleurs concernés, ont tendance à penser que les conditions de leur travail et du revenu horaire déclaré associé justifient amplement cet «investissement» à l’aspect «industriel» (!?).
Usage de la laveuse
Préparer les poireaux avec la laveuse, ça consiste d’abord à les ranger un à un sur le tapis, à l’entrée de la machine.
Pour faciliter la reprise manuelle des poireaux récoltés en palox
les Biaux Jardiniers utilisent le basculeur, outil qui permet au travailleur d’être à bonne hauteur et ainsi de s’économiser des peines inutiles, et les disques intervertébraux…
Oui, les Biaux Jardiniers apprécient « les petits outils gentils qui rendent la vie jolie » cart ils aiment bien travailler… mais en confort !!
Le mouvement du tapis achemine ensuite les poireaux au centre de la machine, qui, à l’abri d’un habillage de protection des personnes, coupe les racines et l’excédent de longueur des feuilles. En tournant, les tétines épluchent les feuilles extérieures abimées à l’abri de la carrosserie de la machine, dont cette partie est aussi équipée de rampes d’aspersion qui lavent les poireaux pendant qu’ils sont travaillés.
À la sortie, le tapis les présente devant ceux qui les reprennent un à un, pour compléter manuellement leur nettoyage
et les ranger au fur et à mesure en cagettes.
C’est une activité qui mobilise à minima deux Biaux Jardiniers.
Si on estime certains poireaux trop vilains pour être vendus, on les range sur une petite étagère face au poste de travail. Ces poireaux ci ne seront pas jetés mais mangés par les Biaux Jardiniers : ils constituent donc ce que nous appelons «le cordonnier» (puisque ce sont eux les plus mal chaussés ! dit la tradition…) Bref, l’art de faire bonne soupe ou bonne tarte avec des poireaux trop tordus.
Si la «chaine» avance plus vite que les «éplucheurs» et que de temps en temps un poireau «continue sa route» jusqu’au bout, au lieu de tomber au sol, il finit son périple sur une étagère, où les mains secourables d’une autre personne viennent s’occuper de lui fignoler sa séance de remise en forme esthétique.
Tout ça produit pas mal de déchets végétaux qui sont ramassés régulièrement
au fur et à mesure avec un pelle ou une fourche et stockés en palox
en attente de recyclage au sol par toute l’activité biologique de nos terres…
« Tout beaux tout propres » les poireaux sont conditionnés en différentes caisses selon la destination de vente, avec là aussi l’aide de nos tables roulantes.
Et ainsi de suite jusqu’à ce que la récolte du moment soit entièrement préparée :
- caisse bois pour le magasin Biocoop de Chalon-Chatenoy le Royal, cantines, restaurants et magasins servi-e-s par notre coopérative BioàPro,
- et caisses PE pour nos paniers en amap
Pour vérifier qu’ils disposent de la quantité prévue de poireau pour faire les paniers, on peut aussi pratiquer globalement : le Biau Jardinier a investi dans un petit transpalette peseur, qui affiche le résultat total, dont il suffit de retrancher le total des tares, chiffre connu avec précision car l’industrie du plastique est un genre de science exacte 🙂 => Pour faire connaissance avec les autres petits outils gentils qui rendent la vie jolie, suivre ce lien.
Tout cela à l’abri hors gel dans le bon bâtiment bioclimatique en grande partie auto-construit chauffé 100% aux énergies renouvelables, dans une station debout correcte, avec un éclairage agréable, voire la sono de son choix… que de privilèges !
Les Biaux Jardiniers apprécient donc beaucoup cette laveuse, et surtout les agréables conséquences de cet impromptu investissement encombrant sur leur qualité de vie au travail !
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Notre magnifique série complète pleine de suspense… le focus poireau dispo en replay 🙂
- Saison 1/5 Production du plant
- Saison 2/5 Plantation au champ
- Saison 3/5 Entretien de la culture
- Saison 4/5 Récolte
- Saison 5/5 Préparation pour la vente
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