La bio, ton univers impitoyâââble
Guerre sous feuille de concombre…
Positions des troupes
- De couleur vert à vert/noir, des pucerons.
Qui piquent la feuille du concombre pour se nourrir de sa sève. Ce qui n’est pas bon du tout du tout pour le concombre. C’est donc mauvais aussi pour le producteur de concombre, par ricochet. Et pour le consommateur de concombre en panier du Biau Jardin (de Grannod ! le vrai ! celui explique chaque semaine en détail comment il fait de la Bio :-)).
- De couleur orange, des « Aphido »
En vrai, les larves d’une cécydomie prédatrice de pucerons, poétiquement nommée Aphidoletes aphidimyza. Qui piquent les pucerons pour les vider et s’en nourrir. Ce qui est mauvais pour les pucerons. Et donc bon pour le concombre, bon pour le producteur de concombre, par ricochet. Et bon pour le consommateur de concombre en panier du Biau Jardin (de Grannod etc…).
Bataille et stratégieS
Qui va gagner ?
Aphidoletes bien sûr… si… on ne fait rien d’autre qu’observer à la loupe régulièrement. La littérature nous dit qu’une larve peut consommer jusqu’à 20 pucerons par jour ; et qu’elle en tue même qu’elle ne mange pas ( quel gâchis…).
Comment soutenir « Aphido » ?
Tout d’abord donc, en n’utilisant pas d’insecticide. Élémentaire mon cher Watson.
Ensuite deux solutions :
1/ Soit acheter des Aphidoletes à des entreprises spécialisées dans l’élevage d’auxiliaires pour la «lutte biologique».
2/ Soit «perdre de la place» – et du temps de travail humain – à installer, et maintenir au fil des ans, sous les tunnels aussi, des plantes comme le seigle, le bleuet, qui attirent un puceron spécifique ( = qui ne parasite que le seigle, que le bleuet). Lesquels pucerons attireront et nourriront des Aphidoletes, qui, elles, mangent toutes les sortes de pucerons. Elles risquent donc assez probablement de se multiplier près de ce garde manger permanent. Forcément… Et elles iront peut-être/probablement ensuite [1]« par l’odeur alléchée » dirait LaFontaine se nourrir de puceron du concombre ou de la tomate dès qu’il en arrivera juste à coté de chez lui.
Et c’est sérieux ce truc de bio ?
Ça c’est une vraie question….
Ces techniques sont très efficaces, mais plutôt rudimentaires et ont quand même un vrai arrière goût baba-cool…Trouvez pas ?
Pensez…
- des petites fleurs
- dans des tunnels plastique
- chez des producteurs de légume !
- des techniques qui font appel à l’auto-organisation du paysan de préférence au commerce avec les firmes !
Tout ça ne fait pas très sérieux… parce que franchement, « génétix, robotix, numérix » les trois mamelles des costards bleus anti-bio décomplexés aux pouvoirs, les ix, ça les branche drôlement plus que cette forme de maltraitance animale, hein ! Quand même : élever sans sélection génétique des bestioles pas belles pour leur faire consommer ou pondre dans des bestioles moches que du pesticide chimique de synthèse peut nettoyer… alors que l’alimentation de synthèse c’est tellement propre… et sûr !
Alors l’échelon intermédiaire entre costard bleus anti-bio décomplexés du sommet et ploucs bio du terrain, bref le monde de la technicité à haute valeur communicante du para-agricole a donc trouvé une parade. Peut-être aidé par une boite de com’, ils ont pondu un nom de baptême aux vertus bluffantes, nouvel élément de langage que si tu l’utilises pas t’es vrai nul, Mec : ils appellent ça «lutte biologique par conservation». Ça donne, hein ?
Bon, et Aphido, a fé koa après ?
Pas compliqué : la larve d’Aphidoletes quand elle s’est bien gavée de pucerons, elle continue de grandir sa vie. Dit autrement, telle un gosse, elle pousse ! Et ben, sans surprise, elle tend à devenir adulte.
Oui, et alors, gamin, ado, adulte, ça va comment chez Aphido ?
Il y a plusieurs générations d’Aphidoletes chaque année : la larve se laisse tomber au sol pour s’y enfouir et s’y nymphoser. Ce qui veut donc dire qu’un moyen radical de se priver d’Aphidoletes…c’est d’empêcher l’adulte d’éclore sans le vouloir vraiment : en cultivant les tomates, concombres etc… sur paillage plastique qui empêche Aphido continuer sa vie au sol. Et de devenir adulte.
Raison pourquoi les Biaux Jardiniers conduisent toutes leurs cultures de légumes fruit sous tunnel sans paillage de la planche, mais en culture binée. Seules les allées sont couvertes de toile. À l’aplomb de nos cultures ramées, la terre est disponible pour accueillir les insectes qui s’y laissent tomber afin de poursuivre leur cycle.
Alors bien sûr, les Biaux Jardiniers pratiquent donc le p’tiot coup d’rapette quasi hebdomadaire.
A r’semble à koa, adulte ?
Là, pour avoir un joli portrait d’Aphido quand elle bouge, c’est moins facile qu’au stade larvaire, hein. Alors, le chargé de comme, il propose une visite dans la photothèque de l’Inra(e), Éphytia, c’est par ici. Franchement, ça vaut toujours le détour : ils ont des photos parlantes, nombreuses, et on accède direct à plusieurs fiches descriptives.
Équation conclusive
Multiplier Aphidoletes = pas de paillage plastique
- => plusse d’herbe qui pousse pendant toute la saison de culture
- => plusse de travail d’entretien (binage) par des travailleurs (rémunérés justement)
- => prix de revient plus élevé du concombre… ! [2]quelle est la solution ? main d’œuvre non rémunérée type … ? augmentation de prix ?
Les Biaux Jardiniers, comme d’autres, ont encore assez d’abonnés de paniers motivés à participer au soutien économique à notre type de démarche agronomique. Merci à eux ! Qu’en sera-t-il après les retours post Covid au monde d’avant ?
Décidément, ce monde est impitoyable !
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Dans notre série « Les p’tites bêtes qu’on aime bien »
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