Pour fêter «les 40 ans de Bio des Biaux !» lors de nos journées des 16 et 17 août 2019, nous avions invité deux conférenciers. Dont François Jarrige, historien.
François Jarrige, historien, est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne et membre du Centre Georges Chevrier (UMR-CNRS 7366). Ses thématiques de recherche :
- Histoire de l’industrialisation et de ses impacts sociaux et écologiques.
- Histoire de l’énergie et des changements sociotechniques.
- Histoire du travail et des mondes ouvriers.
- Histoire des protestations collectives et des socialismes au XIXe siècle.
Dans la continuité de ses travaux sur l’histoire sociale des techniques et de la mécanisation au XIXe siècle, ses recherches actuelles portent sur l’histoire des pollutions et l’évolution des régimes énergétiques, elles tentent d’articuler l’étude des conflits sociaux qui se nouent autour des questions environnementales et l’analyse des controverses intellectuelles qui accompagnent la genèse de la société industrielle.
Suite à la sortie de son dernier livre «Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel» écrit avec Alexis Vrignon, il a été invité sur France Culture pour 40 minutes par Guillaume Erner sur le thème
Environnement, croissance, inégalités : les défis de la transition énergétique.
François Jarrige (Historien, maître de conférences à l’université de Bourgogne, spécialiste de l’histoire des techniques et de l’industrialisation au prisme des enjeux sociaux et écologiques),
Anna Creti (professeure d’économie à l’université Paris Dauphine et membre du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières rattaché au Laboratoire d’économie de Dauphine.).
Si on est pressé, on peut en écouter ici sa minute de conclusion.
L’émission complète est accessible ici :
Face à la puissance
Le livre présenté par les éditions La Découverte :
« La question de l’énergie et de ses crises sature l’actualité, les médias, comme les agendas politiques. Grand défi du présent, elle modèle nos modes de vie et nos rapports au monde à l’heure du triomphe du numérique, de l’électrification totale et du changement climatique. Longtemps, l’histoire de l’énergie a été ramenée à l’essor de la puissance rendu possible par le progrès technique, à un processus linéaire qui verrait les sociétés humaines maîtriser toujours plus leur environnement pour en extraire des ressources indispensables à leur fonctionnement.
Mais ce récit rassurant, qui n’a cessé d’accompagner la modernité, se fissure désormais à l’âge des crises globales et des inégalités béantes. La croyance dans l’abondance énergétique et la quête de puissance infinie qui la porte se heurtent aux limites planétaires, en dépit des utopies abstraites qui continuent de promettre l’énergie abondante et gratuite pour tous.
Cet ouvrage novateur retrace ces débats sur deux siècles en proposant une contre-histoire de l’énergie à l’époque contemporaine, depuis l’entrée dans l’ère industrielle et sa dépendance croissante aux combustibles fossiles. Ce faisant, il souhaite contribuer à l’avènement d’un autre système énergétique, plus sobre et durable, plus conforme aussi à la fragilité du monde, chaque jour plus apparente. »
Et si on arrêtait le progrès ?
Les idées larges. Laura Raim. Arte 2022
Cliquer pour regarder.
François Jarrige a précédemment écrit, seul ou en collaboration, plusieurs livres :
La contamination du monde
Une histoire des pollutions à l’âge industriel (Seuil 2017) avec Thomas Leroux. Prix Augustin Thierry 2018
«Autrefois sources de nuisances locales circonscrites, les effets des activités humaines sur l’environnement se sont transformés en pollutions globales. Le climat se réchauffe, les mers s’acidifient, les espèces disparaissent, les corps s’altèrent : en rendre compte d’un point de vue historique permet de ne pas sombrer dans la sidération ni dans le découragement face à un processus qui semble devenu inéluctable. Car le grand mouvement de contamination du monde qui s’ouvre avec l’industrialisation est avant tout un fait social et politique, marqué par des cycles successifs, des rapports de force, des inerties, des transformations culturelles. En embrassant l’histoire des pollutions sur trois cents ans, à l’échelle mondiale, François Jarrige et Thomas Le Roux explorent les conflits et l’organisation des pouvoirs à l’âge industriel, mais aussi les dynamiques qui ont modelé la modernité capitaliste et ses imaginaires du progrès.» (Éditions du Seuil 2017)
La modernité désenchantée
Relire l’histoire du XIX ème siècle français (La Découverte 2015)
«Le désenchantement qui accompagne notre modernité nous rend plus attentifs à celui des hommes et des femmes qui, en plein XIXe siècle, doutaient des vertus du progrès, des fantasmagories de la technique et de la toute-puissance du sujet rationnel – autant de grands récits devenus hégémoniques, mais dont l’épuisement récent a profondément renouvelé le regard sur ce siècle.
Depuis une trentaine d’années, les historiens insistent sur les multiples possibles qui se sont entrouverts alors et qui portaient en eux les germes d’une émancipation qui ne s’est pas produite. Ils repensent en profondeur les chemins de l’industrialisation et les conflits qu’elle a engendrés, ils restituent les mutations du temps et de l’espace perçus, ils déconstruisent les illusions de la culture « démocratique » et d’un « universalisme » exclusivement blanc et masculin, ils retracent aussi les formes plurielles de l’expérience coloniale, entre violences extrêmes et accommodements…
Ce sont tous ces déplacements historiographiques, et bien d’autres encore, dont cet ouvrage propose un magistral panorama, à la fois savant et vivant, ancré dans la chair du passé et soucieux de mieux faire prendre au lecteur la mesure de ce qui nous sépare et nous rapproche de la société de ce temps. Ce livre conserve du XIXe siècle son désir de récapituler – sans enfermer –, du XXe son optimisme mesuré, du XXIe son inquiétude réflexive.»
Technocritiques
Du refus des machines à la contestation des technosciences (La Découverte 2014)
«Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d’aujourd’hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ? Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l’industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets. L’introduction de machines censées alléger le travail, les macrosystèmes techniques censés émanciper des contraintes de la nature, la multitude des produits technoscientifiques censés apporter confort et bien-être ont souvent été contestés et passés au crible de la critique.
Contre l’immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s’est ainsi constituée : ce livre d’histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une « croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s’est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.» (Editions La Découverte. 2014)
* * * * *