Hé oui, légumes, plants, engrais verts, c’est un des charmes du maraîchage : on sème souvent… 🙂 . Et pour les légumes que nous cultivons en semis direct sur nos planches permanentes, nous utilisons différents semoirs, poussés à la main, ou tirés avec le tracteur.
Traction « animale »

À l’installation de Matthieu, notre ferme disposait uniquement de deux semoirs multi-rangs manuels : le Pourey, à gauche, le gilet jaune à droite.

Le gilet jaune
=> Cet outil a remplacé chez nous le modèle de construction française, acheté d’occasion en 1979, et arrivé en fin de vie avant la fin de sa deuxième carrière professionnelle : on ne peut lui en vouloir ! Nul doute que le semoir jaune vivra moins longtemps…
Tout de fine tôle construit et de son gilet jaune vêtu, ce semoir est issu de production industrielle très très délocalisée. Les graines sont distribuées par des disques adaptés aux différentes formes et calibres de semences.
Nous l’utilisons pour tous les semis en 3 rangs :
- sous tunnel pour nos premières carottes de l’année,

- en plein champ pour tous les semis de racines d’hiver (carotte, betterave, navet, radis d’hiver, panais…).

Nous nous en satisfaisons depuis une bonne quinzaine d’années, complété par quelques disques que nos blanches mains ont adaptés à nos besoins. Mais à terme, on espère arriver à le remplacer. Par mieux.

Deux petites précisions concernant ce matériel que les Biaux Jardiniers avaient acquis dès le tout début de sa distribution en France.
- Comme nous pratiquons un maraîchage BIO EXtensif, nous l’avions modifié pour l’adapter à notre besoin de semer des rangs à écartement suffisant pour aérer la culture et l’entretenir sans difficulté en en accolant deux côte côte… donc « coût » double 🙁 🙂 .
- Son prix de vente comme celui de ses accessoires semble suivre une courbe plus ascendante que celle des légumes Bio… Courbe ascendante apparemment parallèle à la notoriété des buzz internationaux de stages et méthodes miraculeuses de « maxi bénéf’ sur micro surface ouize pas beaucoup de taf ». La décrue sur le terrain réel puis la re-descente tarifaire concomitante sont probablement à vivre dans quelques années !?
Sachant la quantité de récolte que ce petit outil permet de semer avec une régularité acceptable, les Biaux Jardiniers s’en contentent encore, tout en continuant évidemment leur « veille » à la recherche d’un successeur
- à résultat plus indiscutable,
- à construction plus durable
- et « en même temps » à tarif paysan,
car il y a là un vrai enjeu professionnel… du moins quand l’objectif du paysan-maraîcher est de nourrir tout l’année… ET… sans achat-revente.
Aaahhh, le fantasme maraîcher du semoir pneumatique…
Le Pourey à radis
Du nom de la famille de maraîchers locaux qui le fabriquait, le semoir « Pourey » en photo ci dessous est l’ultime forme de son développement, où la semence est remontée sur le disque distributeur par une vis sans fin. Nous l’avions acheté d’occasion dans les années 1990.
Issu de production artisanalo-maraîchère locale disparue depuis une génération, en même temps que le maraîchage intensif péri-urbain chalonnais, le très fameux «Pourey» reste à nos yeux irremplaçable comme semoir manuel : sans lui nous n’envisageons même pas de semer des radis manuellement !!
La seule limite de ce petit outil, puisqu’il a été conçu pour le semis en zone très sableuse : en cas de sol pas tout à fait à l’exact optimum d’humidité, le manque d’adhérence implique de lester le cylindre arrière, qui est «moteur», donc d’assez obligatoirement le mener à deux : ça peut être un défaut. Mais c’est, disent les maraîchers qui travaillent en couple, le charme de notre métier : on sème souvent

«Le Pourey» est un outil parfaitement adapté aux conditions maraîchères locales, puisqu’il en est directement issu. Il avait été conçu pour le semis sous châssis double avec un passage dans chaque sens qui laissait une bande non semée de part et d’autre du pied central.

Semoir multi rang, c’est donc un outil très rapide : un aller retour à pied (et donc dans le silence… avantage supplémentaire !), mais dans une position pas très ergonomique, et la planche permanente est semée en radis !

Bref, un matériel parfaitement adapté à nos petites fermes maraîchères diversifiées qui recherchent «en même temps» efficacité de production et confort du travailleur-paysan. Sous tunnel et en plein champ.

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Mais depuis 2024, quand il s’agit de séries de plusieurs planches de radis, le Biau Jardinier sème avec le Huet.
Semis au tracteur
Le Huet mécanique
Toujours à l’affût du matériel d’occasion disponible, Matthieu avait pu acheter à bas prix un semoir en planches fabriqué en Val de Loire, de marque Huet, utilisé dans sa région d’origine principalement pour le semis direct de radis et de mâche.
Cet outil nous permet de faire la planche en un seul passage, sans autre travailleur que celui qui sème.

Le semis est réalisé entre deux rouleaux niveleurs/tasseurs.

Les treize disques semeurs correspondent à un calibre donné de semence,

et sont alimentés en graines depuis leurs treize trémies métalliques.

Semoir « spécialisé » stabilisé par ses deux bons rouleaux qui laissent de bonnes conditions de levée, ce matériel a été bien pensé dans les divers détails pour faciliter la vie de son utilisateur : chasse motte sur les côtés,

réglages, fond de graine, etc… Un système de chauffage des rouleaux est même prévu pour éviter que la terre un peu humide ne s’y colle…
Nous utilisons le Huet aussi bien sous tunnel

qu’en plein champ.

pour toute la saison du radis.
C’est d’un grand confort de travail pour les « grosses » séries prévues au planning de BioÀPro.

Nous sommes très contents de la qualité du semis.

Après utilisation, il suffit de remettre en service ses 4 pieds en les retournant

pour le ranger correctement posé sous abri.

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Un semoir pour un seul légume ?
Un semoir mécanique rien que pour un seul légume, c’est pas du sur-équipement ?
Nous pensons que non !
Au delà même de son très faible prix d’achat – puisque d’occasion et seulement le jour où il s’est présenté dans ces conditions très favorables – il y a plusieurs raisons liées à cette culture, et aux choix
- La semence est le quasi seul « intrant » de la culture du radis – mais elle « vaut son prix » d’autant qu’on la sème « lourd ».
- => donc l’idéal « une graine semée = un radis récolté » est un objectif.
- Le temps de pousse est assez court pour ne pas nécessiter de binage ou désherbage.
- => donc la récolte constitue l’essentiel du temps de travail humain.
- La rapidité de bottelage dépend très directement de la qualité du semis.
- => or, tout travail (même de récolte paysanne !) mérite salaire, décent et officiel.
C’est pour tout cela que le Biau Jardinier avait décidé d’acheter – si l’occasion s’en présentait à faible prix – un semoir spécialisé. Et cela s’est réalisé.

Ce semoir étant maintenant disponible et son usage « maîtrisé », nous prévoyons d’apprendre à semer avec un autre légume : la mâche. Et ainsi économiser
- l’achat des très nombreuses mottes
- le long temps de plantation.
(À suivre…)
Un pneumatique (?)
C’est le classique rêve maraîcher qu’un semoir pneumatique de précision !!! Mais pour nous, vus les tarifs en neuf… cela tient plutôt du fantasme !
Et du fantasme partagé, d’ailleurs… dans sa première année d’installation, le Biau Jardinier en avait même renoncé à participer à une commande groupée organisée par un collègue Rhône-Alpin qui était décidé à s’équiper (et à négocier un tarif de groupe !).
C’est pourtant une préoccupation largement partagée, principalement pour les cultures des légumes racines du stock hivernal – une part déterminante de nos ventes 6 mois par an – dont le rendement final commercialisable – en quantité produite comme en temps de récolte – dépend grandement de la parfaite qualité du semis… Situation générale, vécue par tous les professionnels, au point d’ailleurs que, dans des secteurs à forte densité de petits maraîchers diversifiés, le semis de carotte d’hiver est depuis quelques années systématiquement réalisé par entreprise agricole qui s’est lancée sur le créneau du semis à façon, comme dans les Monts du Lyonnais.
Mais dans notre situation locale d’ex bassin maraîcher,
- pas de perspective d’achat à plusieurs…
- pas de débouché possible pour une entreprise agricole…
Le semoir pneumatique reste rêve… du moins tant que la consultation quotidienne et matinale des annonces agricoles et les autres recherches obstinées n’ont pas fait apparaître la perle rare : une occasion abordable aux finances d’une ferme maraîchère à taille humaine.
Ainsi, la recherche continue, et l’espérance demeure !
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… Et çà marche => Suite à l’arrêt d’une grosse exploitation légumière, ses tracteurs, outils de travail de sol, semis, traitement, arrosage, récolte, machines de lavage et conditionnement, manutention, palox et cagettes, etc… etc… ont été vendus. Matthieu en a acheté plusieurs,

qu’il remet progressivement en service, selon un ordre dicté par leur état et… le choix des priorités sur la ferme. C’est ainsi que, après 8 années de recherches assidues, le Biau Jardinier bénéficie des charmes du semis de précision lors de sa 9ème année de production : patience, obstination, mécanique, et… financement.
Semoir pneumatique !!
Adaptation et mise en route
Issu d’une grosse structure, ce matériel était évidemment trop large pour notre ferme à taille humaine travaillant en planche permanente,

puisque prévu pour semer en 4 rangs, doubles, avec micro-granulateurs.

Un rang de trop, donc, puisque sur nos planches permanentes de 1 m 20, pour entretenir une bonne ventilation des plantes, nous n’implantons « que » 3 rangs : nous ne sommes pas dans un système dit « intensif » (voir explications en photos de nos plus de 45 années de pratique ICI).
Pour faire la modif’, Matthieu a donc démonté une des roues d’entraînement

ce qui a permis de faire coulisser l’élément « de trop », et de le ranger précieusement comme stock de pièces de rechange.

Les 3 éléments ont été réglés à l’écartement que nous pratiquons,

tout a été nettoyé-vérifié-réglé

remonté.

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Mais… prudence… !
Remonté sur la bâti NON recoupé, c’est à dire gardé en grande largeur (donc dépassant à gauche l’encombrement du tracteur : gare à y penser, pour ne rien accrocher en route ! )

dans le but de pouvoir revendre ce matériel au cas où il ne nous conviendrait pas.
=> Car c’est un des très bons conseils de base que feu Rémi Combes, maraîcher pionnier de la Bio à Mérindol (84) très accueillant aux zécolos-zen-retour-à-la-terre des années 70′ avait en son temps donné au Biau Jardinier Canal Historique : « en occasion, tu peux risquer d’acheter « n’importe quoi »… à condition d’être sûr de pouvoir le revendre au même prix 1 ou 2 mois après si finalement ça te convenait pas ».
Et le Biau Jardinier Canal Historique, après l’avoir pratiquée tout au long de sa carrière, avait transmis la philosophie de Rémi à Matthieu, Biau Jardinier Plein d’Avenir. Merci Rémi !
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Apprivoisement
Et puis avec, donc, le bâti « qui dépasse » on a commencé à apprivoiser la bête, et observé ce qui se passait avec les différents réglages disponibles et comment intervenir pour obtenir la densité de semis qu’on recherche. La première étape, c’était comptage des graines distribuées au bâtiment

et on s’est lancé dans le premier semis « pour de vrai » au jardin, avec bien sûr tous les autres réglages associés.

Éléments semeurs
Chacun des éléments de semis, est monté sur un parallélogramme déformable. Et les roues (niveleuse + tasseuse), elles, y sont montées par une bascule s’adaptant indépendamment au profil du terrain.

La forme de chaque trémie permet de semer des quantités assez petites de semence, ce qui est « confortable » pour des fermes de notre format.

Déroulé du semis
Une première roue nivelle l’emplacement du rang lui-même, et le système d’aspiration, entraîné par la prise de force du tracteur,

maintient chaque graine en place dans le disque de semis adapté à ses caractéristique mécaniques.

Un sabot ouvre le sillon et une fois la graine en place, des rasettes réglables recouvrent légèrement le rang… et la roue de rappui fait son travail.

En fin de semis, on récupère complètement les graines restant dans les trémies. Très facilement : en les aspirant dans le bol -transparent – prévu pour, et puis on les range dans leur emballage d’origine, jusqu’à la prochaine fois.

Autre accessoire « sympathique », une petite caisse bien accessible pour ranger notamment les sachets ou boites de graine dont on a besoin.

De beaux résultats
2024 a donc été la saison test, que ce soit sur radis et navet,

sur panais, sur carotte,

comme sur betterave rouge.

Conclusion : on le garde, c’était
un très bon choix
Alors Matthieu a donc décidé de supprimer le risque que ce bâti dépassant la largeur faisait courir.

Avec un bon coup de meuleuse.

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Cet outil nous permet de semer tous les légumes cultivés en trois rangs dès lors qu’on en implante plusieurs planches à la fois, principalement les racines pour l’automne-hiver. Après un faux semis détruit par une bonne occultation.

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« Un des charmes du maraîchage, c’est qu’on sème souvent 🙂 »
Notre grande série d’aventures, d’amours et d’eau fraîche (d’arrosage !) en 3 saisons :
- saison 1 : Des légumes en semis direct
- saison 2 : Des plants de légumes
- saison 3 : Des engrais verts
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