Certaines planches filmées
Certaines de nos cultures repiquées sont menées non pas sur terrain nu et planche binée, mais sur planche couverte par un film souple. Pour différents objectifs :
- réchauffer mieux le sol en début de saison avec un film noir,
- limiter l’excès de chaleur estivale avec un film blanc,
- lutter contre la concurrence par les adventices sans recours à un excès de travail humain qui, si il est rémunéré… est incompatible avec le prix de vente des légumes,
- limiter les besoins en eau d’arrosage, donc économiser la ressource,
- empêcher les projections de terre sur les légumes qui y sont sensibles (salades…)
- éviter certaines maladies,
- etc…
Les films que nous utilisons sont soit
- des paillages polyéthylène que nous arrachons en fin de culture et trions pour la collecte sélective,
- des paillages biodégradables (certification) à base d’amidons et que nous incorporons au sol avec les résidus de la culture pour dégradation.
Selon nos besoins, on utilise des films qui peuvent être
- pré-percés de trous aux formats et écartements que nous choisissons pour la culture,
- micro-perforés pour régulariser l’humectation de la planche sur toute sa surface.
Sur planche couverte par un film noir, nous pouvons planter
Abandon de la pose manuelle
Paysans durables, donc devenus quinquagénaires, les Biaux Jardiniers Canal Historique souhaitaient abandonner la pose manuelle des films de paillage qu’ils pratiquaient jusque là. Ce travail, dans lequel, d’après les techniciens agricoles qui les « suivaient », ils étaient vraiment rapides, consiste à
- à pied en marche arrière, dérouler, par portions de longueur négociée avec le vent, le rouleau de film en l’entrainant avec un outil par un axe passé en son centre
- puis, à l’aide de sarclots, revenir au début pour, en marche arrière, piocher un peu de la terre de l’allée pour en butter le bord tout le long du film, tenu en place par le pied pour ce faire.
- Le tout obligatoirement à deux personnes simultanément disponibles et travaillant parallèlement.
La région Bourgogne avait choisi d’aider les techniques agricoles limitant l’utilisation des désherbants chimiques par une subvention, bien modeste, de 30 % sur l’achat neuf de ce type de matériel. Les Biaux Jardiniers Canal Historique avaient décidé de, là aussi, investir pour se protéger.
La dérouleuse Incorporation Directe
Plus chère
Et mieux conçue
La plupart des dérouleuses ont pour principal défaut leur manière d’enterrer les bords du film et de le lester de terre : à l’avant, un disque verse de la terre vers l’extérieur ce qui ouvre un assez large sillon ; et pendant que le film est maintenu sur la planche par des roues, un versoir arrière ramène de la terre sur la bordure du film étalée sur une partie de l’allée. Ce qui a pour conséquence de ne plus voir ni savoir où exactement est enterré le film. Et donc lors des binages des allées :
- d’arracher et couper facilement le film avec les dents de binage d’allée,
- ou alors par prudence de ne pas biner jusqu’au bord du film.
Triste résultat : les herbes adventices se développent dans l’allée, au bord des planches filmées. Pour peu que la culture en place soit un peu longue, c’est la garantie de multiplier les plantes indésirables : celles dont les mangeurs de nos légumes ne souhaitent pas se nourrir.
Pour éviter ces inconvénients, nous avons choisi de valoriser la subvention régionale (hélas petite en Bourgogne) pour s’équiper d’un modèle plus onéreux : une dérouleuse dite ID, car à Incorporation Directe.
Plus efficace
Son principe de fonctionnement est adapté à nos besoins, et efficace dans le travail. C’est la réalisation mécanique simple d’une idée intelligente : enterrer parfaitement verticalement les bords du film – repliés sur eux-mêmes – grâce à une dent coupant sur une petite largeur la terre du bord de l’allée.
Le rouleau de film à installer est posé sur les roues métalliques d’incorporation, en buttée sur des roulettes en rilsan.
Pour éviter qu’il ne glisse, il est maintenu en place par deux tôles épaisses. Le film est déroulé par l’action des roues d’incorporation elles-mêmes.
Le film est léghèrement appuyé sur la tranche – arrondie – de la roue d’incorporation par des roulettes fixées sur une grande poignée de manipulation, sa pression réglée par un ressort.
Les dents avant, effilées, fendent la terre et ouvrent une mini tranchée de faible largeur.
Les roues métalliques d’incorporation du paillage, garnies d’un rond qui protège le rouleau de film des déchirures,
- déroulent la bobine selon l’avancement de la machine
- se nettoient en permanence grâce à de petits patins en rilsan
- plient le bord du film tenu par des roulettes
- insèrent en terre le film plié…
… pendant que les roues gonflées « intérieures » maintiennent le paillage en place,
bien tendu sur la planche elle-même. Les roues extérieures, gonflées, qui portent l’outil, rappuient la terre sur le film descendu en place.
Sur la dérouleuse, deux supports supplémentaires à l’arrière permettent d’emmener avec soi un deuxième rouleau en stock. Et de ramener le mandrin d’un précédent rouleau terminé…
L’utilisation d’une bonne ID
Le triangle rapide
L’outil est proposé par son fabricant SANS triangle d’attelage rapide, mais comme les Biaux Jardiniers ne sont pas des Shadoks qui refusent de faire simple quand c’est possible de faire compliqué, ils ont évidemment fait souder sur la rutilante machine, en guise de sourire commercial supplémentaire, un triangle qui a même bénéficié d’un petit coup de peinture assortie ! Ainsi équipé, l’attelage devient un vrai plaisir !
Un usage agréable
Pour commencer le travail, une fois la machine attelée en un clin d’œil au tracteur muni de son perpétuel triangle, (et de sa bascule, l’ex appendice Pigneret !) il suffit de la descendre progressivement, d’avancer doucement,
et roule ma poule ; on avance tranquillement, pendant que le travail se fait… « tout seul » !
Duboboulo, avec des bords verticaux, droits et nets : où il y a de la terre, il n’y a pas de paillage caché, on saura exactement où les dents pourront biner les allées sans trop déchirer le paillage pendant la saison !
Ça n’est qu’en fin de planche qu’il est nécessaire de descendre du tracteur : pour couper le film (une option de coupe à commande hydraulique existait).
=> Comme avec toutes les dérouleuses, le paillage par des films impose une finition assez soignée des planches de culture.
=> Comme avec n’importe quel outil, son apprentissage puis son utilisation nécessitent de l’observation, et l’acceptation des leçons que nous donne la terre, pas toujours avec des formules de politesse… Et de l’adaptation aussi aux conditions du moment dans sa conduite.
Nous trouvons la dérouleuse ID agréable d’utilisation :
- en début de planche, c’est facile, sans descendre du tracteur, de la poser de sorte qu’elle commence immédiatement à dérouler et incorporer correctement le film,
- en cas de vent, on peut continuer à dérouler du paillage en ne travaillant que dans un sens, ce qui peut être bien pratique « quand on veut quand même finir ».
Quand toutes les planches prévues sont filmées, les Biaux Jardiniers peuvent
- « boucher » avec une ou deux pelletées de terre les extrémités des planches pour garantir l’absence de prise au vent,
- distribuer une pelletée de terre régulièrement sur les planches pour éviter que le vent ne fasse passer les plants « par dessous », si ils ont été plantés un peu jeunes.
C’est pourquoi nous avons en plus investi dans un couteau et une pelle, non subventionnés par la région, rangés toute la saison sur la dérouleuse.
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Notre série « À la mode de chez nous » actuellement 6 saisons disponibles en replay !
- Plantation manuelle : rouleaux et plantoirs
- Les Préfer, nos planteuses bleues
- La planteuse rouge « à pinces »
- La planteuse verte « à bêches »
- On plante les courges en Ferrari
- La dérouleuse, une vrai bonne ID
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