Le faux semis
Une technique « trad »
Technique traditionnelle, le faux semis est pratiqué par les maraîchers depuis des siècles. Cela consiste à préparer le sol suffisamment longtemps à l’avance pour faire lever les graines d’adventices présentes dans le sol. On a ainsi le temps de les détruire avant le semis de la culture.
Sa préparation
Il faut donc enclencher la germination en préparant la terre aussi finement que si on allait semer la culture elle-même. Un passage de rouleau favorise un bon contact terre / graine et le suivi régulier de l’humidité par l’arrosage permet d’obtenir une bonne levée .
Sa destruction traditionnelle
Il s’agit ensuite de détruire la levée d’herbe par le passage d’un outil
- assez agressif pour être efficace contre les plantules levées
- mais assez délicat pour ne pas trop travailler le sol au point de remettre en route une nouvelle germination.
Anciennement, les maraîchers détruisaient cette levée d’herbe par «un p’tiot coup d’rateau».
Ses destructions contemporaines
Plusieurs moyens disponibles :
- la herse étrille modernisation du « pt’iot coup d’râteau » permet ce travail doux sur une plus grande surface.
- le brûlage qui fonctionne par cuisson des plantules (coagulation) et non par combustion
- l’occultation qui agit par étiolement.
Ces deux derniers fonctionnent sans aucun travail de sol, donc sans risque de remise en germination de graines.
Le brûlage
Le désherbage thermique est une façon efficace et économique détruire un faux semis par la chaleur amenée très temporairement et seulement en surface du sol au moyen de brûleurs à gaz.
Donc aucun rapport avec la violente technique de désherbage à la vapeur en profondeur, grosse consommatrice d’énergie hélas utilisée par certains producteurs bio. cette technique est dérivée de la méthode de « désinfection de sol » qui a tenté dans les années 60/70 de continuer à sur-exploiter les sols infestés de parasites telluriques par l’abus de rotations hyper simplifiées.
Il s’agit ici seulement de créer un BREF CHOC thermique, suffisant pour provoquer, immédiatement ou en un jour, la mort des plantules d’adventices levées. Ce n’est qu’une cuisson, qui détruit les cellules des plantules, coagule les protéines. Pas un brûlage de plantes avec production de cendres…
Il s’agit donc de prévoir un calendrier équivalent à celui d’un faux semis traditionnel. Puis de semer la culture alors que les graines d’adventices commencent juste à sortir. Ensuite arpenter le semis pour observer de près le stade de levée du légume. Et selon résultat de l’observation à minima bi-quotidienne, de passer le brûleur « au bon moment » [1]c’est à dire au dernier moment. Quelques jours après semis, en nombre variable selon la saison et les conditions locales, et juste avant la levée des graines du légume.
Petit schéma d’origine suisse sur 30 jours.
Les Biaux Jardiniers ont investi dans ce brûleur largeur planche dans les années ’80. Ils ont dû s’adresser à un constructeur extra-européen puisqu’ils l’ont importé de Suisse.Nous l’avions évidemment équipé d’un triangle d’attelage rapide 🙂
L’appareil utilise du gaz en phase liquide, donc des bouteilles à plongeur comme sur les engins de manutention. Le but est de lutter ainsi contre le gel provoqué par la détente lors de la combustion. Le gaz est parfaitement vaporisé par la conception du brûleur dont le corps est constitué en fait d’un long serpentin réchauffeur. C’est de très loin le système le plus économe en énergie.
L’autre intérêt de cet outil est la présence d’un « four » isolé qui améliorait la performance thermique tout en économisant de l’énergie.
Contrairement aux méthodes mécaniques de destruction des faux semis, le brûlage deux énormes avantages :
- le Biau Jardinier est certain de ne pas provoquer une nouvelle mise en germination du stock de graines du sol puisqu’il n’y a pas de nouveau travail du sol.
- La technique peut s’utiliser alors que la culture est déjà semée, mais pas encore levée, bien sûr. Encore que quelques espèces supportent assez bien le passage de la flamme à quelques stades précis de leur développement.
La technique peut s’utiliser en plein champ
ainsi que sous tunnel.
Le brûlage n’étant par nature pas du tout sélectif, c’est une technique qui demande beaucoup d’observation pour déterminer le meilleur moment pour intervenir. Et une disponibilité immédiate. Il serait en effet « très regrettable » de passer la flamme quelques jours trop tôt… et de laisser subsister des adventices. Ou de la passer plusieurs heures trop tard…et de détruire une partie de la culture en début de levée!
Un brûlage bien réussi, c’est la garantie d’une bonne maîtrise de l’herbe dans des conditions de temps de travail raisonnables.
Mais après plusieurs décades de bon travail, un des brûleurs est hors service, et nous n’avons trouvé personne pour risquer de le réparer 🙁 Or le fabricant suisse pionnier de cette machine adaptée aux petits maraîchers bio a depuis fait faillite 🙁 🙁
Nous pratiquons donc en remplacement
L’occultation
du faux semis avant les semis directs. Il s’agit d’obtenir la destruction des adventices que les façons culturales du faux semis ont mises en germination sans l’action d’outil mécanique. Par étiolement : en les privant de lumière.
=> article plein de détails et de photos par ici
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À nos yeux, l’enjeu de la mécanisation est « simplement » que sa quantité nécessaire soit assez maitrisée pour être compatible avec
- le prix de vente de nos légumes
- les conditions de travail dues aussi aux Biaux Jardiniers, permanents ou saisonniers.
Ainsi, notre choix de vie est que TOUS les travailleurs soient rémunérés. Officiellement. Décemment.
OUI ! « un autre travail de sol est possible ! »
C’est ce que nous détaillons
en photo dans notre grande série en 7 saisons :
Sans chimie et sans adventice, c’est possible !
- saison 1 Faux semis occulté
- saison 2 Faux semis brûlé
- saison 3 Double faux semis
- Saison 4 Au tracteur… à deux
- saison 5 Au tracteur… et seul : BPO, étrille
- saison 6 Pour biner à la main, des outils… y’en a plein plein
- saison 7 La méthode corse
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↑1 | c’est à dire au dernier moment |
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