Si notre recette paysanne du fumier de bovin rapidement composté consiste en
- une rapide cuisson en tas allongé, pas trop gros et bien aéré,
- quelques jours à température 60 / 65 °
- puis 50 / 55°..
arrive ensuite le moment de démouler et de servir chaud. Pour que la terre puisse déguster, sans problème digestif.

Nous reconnaissons le bon stade de cuisson au fait que la fermentation soit encore dynamique. La preuve ? lors de l’épandage, «çà fume» encore. Ce qui se voit sans discussion le matin ou le soir. Ou n’importe quand avec le thermomètre de couche…

Le Biau Jardinier a selon les époques, utilisé plusieurs recettes d’épandage. L’une est celle que l’on peut nommer du nom des amis participant à l’opération :
Avec Thomas
et son gros matériel d’éleveur, roulant donc perpendiculairement aux planches.
Des avantages

Recette avec aussi plusieurs avantages :
- la rapidité (1/2 journée),
- l’échange de services possibles,
- l’entretien des liens amicaux par le travail.
Et quelques inconvénients
Le travail est fait dans le sens perpendiculaire aux planches permanentes donc :
- épandage de pas mal de fumier aussi dans les allées
- piétinement des bandes fleuries
mais inconvénient tempéré par le faible tassement grâce aux pneus larges basse pression.
- Et surtout l’obligation d’avoir assez de place disponible en bout de trajet pour les manœuvres, donc une bande entièrement libres de légumes. Ce qui n’est pas forcément le plus fréquent. Parce qu’il n’est pas bien sûr question de rouler dans le sens des planches permanentes avec un épandeur si large, avec donc des roues non seulement trop écartées mais aussi plus larges que les allées !
Thomas est décédé en 2011.
Bennette 3 points
On fait aussi de l’épandage manuel au croc avec transport à la bennette. Principalement sous les tunnels, mais pas que.

Avec le gros avantage de
- l’épandage uniquement sur les planches et pas du tout dans les allées permanentes,
- la parfaite souplesse d’usage (possibilité d’épandre «à la planche» ).
- l’adaptation possible sans problème à toute consistance de fumier composté [1]les bras et le croc s’adaptent : ça n’est pas la mécanique qui dicte ses limites !
Et la contrainte (ou l’avantage ?) d’être deux :
- celui qui charge la bennette en reculant dans le tas de compost et complète manuellement son chargement,
- celui qui vide régulièrement la benne au croc puis «fignole» la répartition pendant que le chauffeur fait le chargement suivant. Etc…

Le croc permet d’ensuite égaliser mieux la répartition du fumier sur la planche : pendant le chargement de la bennette suivante.

Solution viable, systématique sous tunnel, mais inconvénient du temps nécessaire.

Solution qui nous convient plutôt pas mal pour amener sous tunnel du fumier rapidement composté : celui qui nous semble le mieux adapté à nos types de terre.

Pour ce qui est de la question subsidiaire «où classer l’exercice physique» : avantage ? inconvénient ? Le Biau Jardinier hésite… À négocier…
Recette prêtée
Le Biau Jardinier a aussi testé une recette qu’il rêvait depuis un bon moment de mettre en œuvre.
Épandeur adapté
C’est la tentative de, comme on dit en termes de décideurs, «en même temps palier aux inconvénients et en même temps maximiser les avantages» des anciennes recettes. L’objectif :
- mettre le minimum de fumier en dehors de la planche de culture elle-même,
- ne pas du tout rouler sur la planche de culture,
- ne pas consacrer trop de journées à ce travail, «en même temps» que
- faire l’épandage à une seule personne : il faut bien pendant ce temps assurer l’entretien, les récoltes.
Le Biau Jardinier utilise un petit épandeur maraîcher maniable et adapté à sa largeur de planches permanentes, et un tracteur agricole avec fourche de chargement.
Rappel
Un épandeur de fumier «classique» est, par définition, un engin d’éleveur, qui exige beaucoup de place pour la manœuvre. Mais sans que le plus souvent cela pose de problème puisqu’il est utilisé dans de grandes parcelles. Par contre, chez le petit maraîcher, il y a
- une manœuvre en entrée de planche
- et une manœuvre en sortie,
des lieux où la place manque et d’où les obstacles ne sont pas forcément absents. C’est donc délicat. Et long : sur une ferme où les parcelles se composent de 160 planches (avec donc 320 obligations de manœuvrer) çà peut devenir pour le moins «fastidieux»…
Solution technique
La solution technique, c’est l’épandeur à essieu directionnel : avec l’hydraulique du tracteur, on peut orienter les roues de l’épandeur comme on le souhaite.

Ça tourne dans un «mouchoir» : un vrai régal ! On rentre «direct», on sort «direct», on n’empiète pas sur le bout de la planche, etc… Le bonheur tractoriste !

Problème coût
parce que ce matériel coûte cher … moitié d’un tracteur…
Solution entraide
Alexis, maraîcher bio diversifié de la région lyonnaise et ancien patron du Biau Jardinier lui prête régulièrement le sien. C’est avec la grosse voiture de Charlie, l’ami entrepreneur de travaux public récemment installé sous le nom de Grebert TP, et une remorque de location, que le Biau Jardinier fait le transfert Lyon / Bresse.

«C’est pas écologique, tous ces transports !!! Faut faire local !!!», dit l’écolo (du moins celui qui de sa place d’observateur hors sol, trouve plus facilement «la petite bête» – qu’il cherchait – que la proposition de méthode viable ET vivable dans la réalité du terrain de la vraie vie paysanne ET productive). «Pas écolo» est pourtant bien une erreur d’analyse concrète : la location d’un matériel qui sert rarement est beaucoup plus adaptée et bénéficie d’un meilleur bilan global énergétique (donc éco-logique) que la pleine propriété individuelle. En terme urbain, faire le parallèle voiture individuelle avec transport en commun ou covoiturage. Et si on constate la densité du tissu maraîcher local comme celle de consommateurs locaux réguliers de légumes bio 🙁
Fourche crocodile
Pour charger le fumier dans l’épandeur, solution entraide là aussi. Éric, paysan boulanger, prête son tracteur équipé d’une fourche hydraulique à pince. À charge de revanche : il apprécie beaucoup le broyeur latéral du Biau Jardinier.

Là aussi, il y a donc du transport «pas écologique» : la ferme d’Éric est à 13 km. Distance que le tracteur parcourt sur routes goudronnées, sauf bien sûr celle qui dessert le Biau Jardin de Grannod, qui bénéficie du glorieux titre de seule ferme de la commune de Sornay sans accès public sécurisé par stabilisation goudronnée… Ainsi équipé, le Biau Jardinier peut charger et épandre tout çà – en 3 journées – seul – sans trop de maux – en passant d’un tracteur à l’autre.

Le travail sur les légumes ne prend donc pas de retard. Et le résultat est un épandage de plutôt bonne qualité grâce au système de
Hérissons verticaux
un système qui émiette très bien le fumier.

Les volets permettent de régler la largeur d’épandage de façon à mettre le fumier composté sur la planche et à peu près pas du tout dans les allées.

Résultat
Le Biau Jardinier peut épandre du fumier partout au jardin avec un assez beau résultat :

sur les planches nues qui vont être ensemencées

sur les planches d’engrais vert qui vont être incorporés au sol pour mise en culture

et sur les planches d’engrais vert pluriannuel qui ont bénéficié d’un broyage d’entretien peu avant.

Et aussi sur les prés puisque enlever les volets de l’épandeur permet facilement d’épandre large.

Nouvelle recette : d’occasion
L’obstination dans la recherche et la disponibilité à l’achat de matériels d’occasion a permis au Biau Jardinier de s’équiper en 2023 – à frais modestes – des deux outils indispensables pour l’épandage du fumier :
- une fourche crocodile adaptée au tracteur. Cet outil aide aussi beaucoup à pas mal d’autres manutentions sur la ferme
- un épandeur adapté à nos planches. Un modèle d’assez petite capacité pour que l’écartement de ses roues et la taille de ses pneus conviennent quasi exactement aux cotes de nos allées permanentes.
Toujours en complément du troisième outil : l’adhésion/cotisation à notre Cuma Compost 71 !

Fourche
- mais pas à deux bras : à deux vérins (woua trop feignants ces zécolos-bio !)

- genre pince croco
pour remplir
un épandeur
attelé à un autre tracteur

qu’on roule jusqu’à la parcelle

et qui répartit le fumier régulièrement sur les planches « où çà que c’est prévu » dans la rotation.

En bout des planches, grâce à la place que nous choisissons de « perdre » en couvert permanent (puisque nous ne faisons pas du maraîchage intensif) l’attelage peut manœuvrer assez confortablement, et sans casse.
Comme travail de reprise des planches, nous choisissons le plus souvent une
« incorporation » au cultibutte
donc assez grossièrement et superficiellement pour garder au « mélange » une aération qui favorisera la vie microbienne.

Et avec le bénéfice des « disques d’allée » travaillant à l’arrière du cultibutte, qui reprennent la matière épandue et tombée dans l’allée – permanente – (qui n’en n’a donc pas besoin) pour la remonter sur la planche.

*
Ce système, on trouve que ça fait du bon boulot. En tout cas, actuellement, ça nous convient bien.
Et à nos types de terre aussi, semble-t-il.
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« Autoconstruction de la fertilité de la ferme »
notre série en plusieurs saisons :
1 – Notre rotation À BASE d’engrais verts
2 – Nous CULTIVONS des engrais verts
3 – Le FUMIER de bovins rapidement composté
4 – Épandage MODÉRÉ en surface
5 – Apport de poudre de roche calcaire
6 – Observer et s’adapter ; Humus, humilité, humanité
7 – Gestion organique, compost jeune, odeur de fumier, et etc…
8 – Yves Hérody BRDA : tout se fait sur le terrain
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| ↑1 | les bras et le croc s’adaptent : ça n’est pas la mécanique qui dicte ses limites ! |
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