Si notre recette paysanne du fumier de bovin rapidement composté consiste en
- une rapide cuisson en tas allongé, pas trop gros et bien aéré,
- quelques jours à température 60 / 65 °
- puis 50 / 55°..
arrive ensuite le moment de démouler et de servir chaud. Pour que la terre puisse déguster, sans problème digestif.
Nous reconnaissons le bon stade de cuisson au fait que la fermentation soit encore dynamique. La preuve ? lors de l’épandage, «çà fume» encore. Ce qui se voit sans discussion le matin ou le soir. Ou n’importe quand avec le thermomètre de couche…
Le Biau Jardinier a selon les époques, utilisé plusieurs recettes d’épandage. L’une est celle que l’on peut nommer du nom des amis participant à l’opération :
La ferme Gretener
avec son gros matériel d’éleveur, roulant donc perpendiculairement aux planches.
Des avantages
Recette avec aussi plusieurs avantages :
- la rapidité (1/2 journée),
- l’échange de services possibles,
- l’entretien des liens amicaux par le travail.
Et quelques inconvénients
Le travail est fait dans le sens perpendiculaire aux planches permanentes donc :
- épandage de pas mal de fumier aussi dans les allées
- piétinement des bandes fleuries
mais inconvénient tempéré par le faible tassement grâce aux pneus larges basse pression.
- Et surtout l’obligation d’avoir assez de place disponible en bout de trajet pour les manœuvres, donc une bande de plusieurs carrés consécutifs entièrement libres de légumes. Ce qui n’est pas forcément le plus fréquent. Parce qu’il n’est pas bien sûr question de rouler dans le sens des planches permanentes avec un épandeur si large, avec donc des roues non seulement trop écartées mais aussi plus larges que les allées qui tasseraient systématiquement toute la longueur de chaque planche !
Bennette 3 points
L’autre recette est l’épandage manuel au croc avec transport à la bennette.
- Avec le gros avantage de l’épandage uniquement sur les planches et pas du tout dans les allées permanentes.
- Et la parfaite souplesse d’usage : possibilité d’épandre «à la planche».
- Et l’adaptation possible sans problème à toute consistance de fumier composté [1]les bras et le croc s’adaptent : ça n’est pas la mécanique qui dicte ses contraintes !
Et la contrainte d’être deux :
- celui qui charge la benette en reculant dans le tas de compost et complète manuellement son chargement,
- celui qui vide régulièrement la benne au croc puis «fignole» la répartition pendant que le chauffeur fait le chargement suivant. Etc…
Solution viable, mais
- inconvénient du temps nécessaire (2 ou 3 journées à deux personnes),
- et la nécessité de trouver la main d’œuvre volontaire.
Pour ce qui est de la question subsidiaire «où classer l’exercice physique» : avantage ? inconvénient ? Le Biau Jardinier hésite… À négocier…
Nouvelle recette
Le Biau Jardinier teste maintenant une nouvelle recette qu’il rêvait depuis un bon moment de mettre en œuvre.
Épandeur adapté
C’est la tentative de, comme on dit en termes de décideurs, «en même temps palier aux inconvénients et en même temps maximiser les avantages» des anciennes recettes. L’objectif :
- mettre le minimum de fumier en dehors de la planche de culture elle-même,
- ne pas du tout rouler sur la planche de culture,
- ne pas consacrer trop de journées à ce travail, «en même temps» que
- faire l’épandage à une seule personne : il faut bien pendant ce temps assurer l’entretien, les récoltes.
Le Biau Jardinier utilise donc un petit épandeur maraîcher maniable et adapté à sa largeur de planches permanentes, et un tracteur agricole avec fourche de chargement.
Rappel
Un épandeur de fumier «classique» est, par définition, un engin d’éleveur, qui exige beaucoup de place pour la manœuvre. Mais sans que le plus souvent cela pose de problème puisqu’il est utilisé dans de grandes parcelles. Par contre, chez le petit maraîcher, il y a
- une manœuvre en entrée de planche
- et une manœuvre en sortie,
des lieux où la place manque et d’où les obstacles ne sont pas forcément absents. C’est donc délicat. Et long : dans un jardin d’environ 250 planches (avec donc 500 obligations de manœuvrer) çà peut devenir pour le moins «fastidieux»…
Solution technique
La solution technique, c’est l’épandeur à essieu directionnel : avec l’hydraulique du tracteur, on peut orienter les roues de l’épandeur comme on le souhaite.
Ça tourne dans un «mouchoir» : un vrai régal ! On rentre «direct», on sort «direct», on n’empiète pas sur le bout de la planche, etc… Le bonheur tractoriste !
Problème coût
parce que ce matériel coûte cher … moitié d’un tracteur…
Solution entraide
Alexis, maraîcher bio diversifié de la région lyonnaise et ancien patron du Biau Jardinier lui prête régulièrement le sien. C’est avec la grosse voiture de Charlie, l’ami entrepreneur de travaux public récemment installé sous le nom de Grebert TP, et une remorque de location, que le Biau Jardinier fait le transfert Lyon / Bresse.
«C’est pas écologique, tous ces transports !!! Faut faire local !!!», dit l’écolo (du moins celui qui de sa place d’observateur hors sol, trouve plus facilement «la petite bête» – qu’il cherchait – que la proposition de méthode viable ET vivable dans la réalité du terrain de la vraie vie paysanne ET productive). «Pas écolo» est pourtant bien une erreur d’analyse concrète : la location d’un matériel qui sert rarement est beaucoup plus adaptée et bénéficie d’un meilleur bilan global énergétique (donc éco-logique) que la pleine propriété individuelle. En terme urbain, faire le parallèle voiture individuelle avec transport en commun ou covoiturage. Et si on constate la densité du tissu maraîcher local comme celle de consommateurs locaux réguliers de légumes bio 🙁
Fourche crocodile
Pour charger le fumier dans l’épandeur, solution entraide là aussi. Éric, paysan boulanger, prête son tracteur équipé d’une fourche hydraulique à pince. À charge de revanche : il apprécie beaucoup le broyeur latéral du Biau Jardinier.
Là aussi, il y a donc du transport «pas écologique» : la ferme d’Éric est à 13 km. Distance que le tracteur parcourt sur routes goudronnées, sauf bien sûr celle qui dessert le Biau Jardin de Grannod, qui bénéficie du glorieux titre de seule ferme de la commune de Sornay sans accès public goudronné… Ainsi équipé, le Biau Jardinier peut charger et épandre tout çà – en 3 journées – seul – sans trop de maux – en passant d’un tracteur à l’autre.
Le travail sur les légumes ne prend donc pas de retard. Et le résultat est un épandage de plutôt bonne qualité grâce au système de
Hérissons verticaux
un système qui émiette très bien le fumier.
Les volets permettent de régler la largeur d’épandage de façon à mettre le fumier composté sur la planche et à peu près pas du tout dans les allées.
Résultat
Le Biau Jardinier peut épandre du fumier partout au jardin avec un assez beau résultat :
sur les planches nues qui vont être ensemencées
sur les planches d’engrais vert qui vont être incorporés au sol pour mise en culture
et sur les planches d’engrais vert pluriannuel qui ont bénéficié d’un broyage d’entretien peu avant.
Et aussi sur les prés puisque enlever les volets de l’épandeur permet facilement d’épandre large.
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↑1 | les bras et le croc s’adaptent : ça n’est pas la mécanique qui dicte ses contraintes ! |
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